J’ai eu l’opportunité d’intervenir hier à l’incubateur « junior » de l’EM Lyon (dont je suis diplômé, je connais bien la situation des p’tits gars que j’avais en face de moi donc :) ) sur un axe totalement déstructuré autour de « quelques petits trucs que mes expériences m’ont apprises ». Petit comité (une dizaine d’entrepreneurs), presque comme à la maison, et surtout l’occasion de baisser un peu le masque et de parler vrai.

L’idée ici n’est pas de vous raconter toute l’intervention – j’en serais bien incapable de toute manière, je ne me suis pas vraiment écouté :) –   mais plutôt de rebondir sur un point que j’ai déjà un peu touché du doigt ici : le timing dans son projet, le « go to action« , le focus. (Je vous invite à relire les articles pointés ci-avant !)

Quand on se lance, on a 18 mois d’espérance de survie dans son projet. C’est très important d’en prendre conscience. Mais je me rends compte qu’en disant cela, on donne l’impression d’avoir le temps. Alors que cela passe en réalité très, très vite. Et je peux vous assurer que s’il ne se passe pas quelque chose de vraiment important pour la bonne marche du projet (levée de fonds, suffisamment de clients, traction de malade, nouvelle équipe d’associés avec du sang neuf, saut dans la techno…), ça va devenir, pour tout un tas de raisons financières et psychologiques, très compliqué ! Au bout de quelques mois de plus les taux de mortalité sont super élevés.

J’ai abordé hier cette notion sur une approche un peu différente. Admettons que vous soyez 2 associés.  2 associés * 18 mois * 4 semaines par mois * 5 jours par semaine * 12h par jours == 8640 heures qu’on peut arrondir à – allez – 8000 heures.

A partir du moment où vous vous mettez à plein temps sur votre projet, vous allez vous prendre un mur dans 8000 heures de travail.

Evidemment, si vous lisez ce post alors que vous vous êtes lancés il y a 15 mois… hé bien vous n’avez déjà plus autant de temps…

Si vous passez 200 heures à pondre votre business-plan, vous y avez accordé 4% de votre « temps restant à vivre » (et par expérience et pour avoir quelques cas sous les yeux en ce moment, on y est plus vite qu’on le croit…).

Cela remet un peu en perspective le temps que l’on doit accorder à la réflexion, versus l’action. Faire « bien » à 80%, voire moins, en s’inspirant de, voire en copiant, ce qui marche ailleurs, cela permet d’avancer plus rapidement, d’avoir plus de feedbacks, pour éviter d’engager trop de ces précieuses heures à se monter soi-même le chou pour d’hypothétiques résultats.

Faire, tester, écouter, modifier, refaire. Et réfléchir après.
Et aussi parvenir à toujours savoir, en temps réel, quels sont vos 2-3 objectifs prioritaires du moment. Tout ce qui ne permet pas de les faire avancer est du temps mal utilisé, ou a minima utilisé au mauvais moment. Savoir prendre des opportunités au vol, c’est une qualité. Mais si c’est au détriment de vos objectifs du moment, même si vous avez l’impression de faire une bonne affaire, c’est du temps perdu. Et ça, c’est ce qui coûte le plus cher, bien plus que l’argent, dans une startup.