L’entrepreneur doit savoir s’arrêter quand…

Quand on se lance, en général on pense plutôt que ça va bien marcher. Pourtant, les statistiques sont là : près d’une création sur 3 n’aboutit pas (officiellement, c’est 1/2, mais si on enlève ceux ceux qui revendent leur activité et ceux qui créent uniquement pour le portage d’un projet particulier, on arrive à 2/3 des projets qui sont viables).

Et encore, on n’a pas de statistiques sur le nombre de personnes qui initient un projet et qui arrêtent en cours de route avant la création, ce qui est sûrement encore plus important. Et à la limite bien normal, c’est qu’au moins ils ont essayé !

Quand faut-il savoir dire stop ?

Prendre la décision d’arrêter son projet est toujours très compliqué, et comporte une part psychologique assez forte. Remise en question, période de doute, mauvaise estime de soi, illusions brisées, peut-être un peu d’argent perdu… d’autant que les désavantages s’accumulent avec le temps et que plus on a investit (sous toutes les formes) dans son projet, plus il est dur de reculer, et plus « l’échec » (lire cet article sur ma vision de l’échec) fait mal.

Savoir arrêter est aussi une qualité de l’entrepreneur : on ne peut pas gagner tous les combats, surtout ceux qui semblent perdus d’avance. Et parfois aussi le combat n’en vaut pas clairement la chandelle, alors que d’autres batailles nous attendent.

Faut-il s’accrocher à son idée au point de se mettre soi-même en danger, en détresse ? Alors, quand arrêter et pour quelles raisons ? Quels sont les signes que c’est plutôt mal barré et qu’il est temps de prendre du recul pour voir si le jeu en vaut la chandelle ?

  • Vous êtes vraiment tout seul (et ne vous en sortez pas), n’arrivez pas à convaincre des gens de vous rejoindre. Vous risquez de peu à peu vous isoler (il n’y a que très peu de choses pires), et cela ne permettra pas au projet de prendre son rythme de croisière. Cela est particulièrement vrai si en plus vous n’avez pas toutes les ressources ou compétences pour assumer le projet.
  • Vous êtes mal accompagné. Depuis le début, ou très rapidement, vous vous marchez sur les pieds, vous avez des compétences qui se recoupent, vous avez des objectifs personnels qui divergent (ou alors il faut que vous découvriez les objectifs des autres membres de l’équipe d’urgence), vous avez une ambition différente pour l’entreprise et pour la manière de la montée… Les prochaines étapes vont être compliquées et les conflits vont arriver très vite.
  • Vous n’avez plus d’argent. Impossible de tenir sur le long terme sans un minimum de ressources. Si vous ne pouvez plus assurer votre train de vie dans quelques temps, il est sérieusement temps de penser à explorer d’autres voies, faire une pause, quitte à revenir plus tard sur le projet, ou tenter de la monter tout en travaillant.
  • Personne sur le marché ne semble intéressé par ce que vous proposez. Ou en tout cas est prêt à le payer. Cela arrive bien plus souvent qu’on ne croit, et il est primordial ici de se poser la question des actifs qu’on a construit (réseau, techno, marque, connaissance marché…) et de voir si, très rapidement, on est capable de répondre à un autre besoin que celui de départ. Mais sinon, c’est que vous êtes parti sur de mauvaises bases de compréhension des besoins des clients (ou de mauvais clients) et plus le temps file, plus il est dur de changer son fusil d’épaule… A un moment donné, il est trop tard.
  • Vous risquez de perdre vos proches. Chacun fait ses choix personnels, je ne juge absolument pas. Mais vous n’avez sûrement pas créé votre entreprise pour perdre famille, amis, enfants… et cela vient vite quand un entrepreneur devient obnubilé par son entreprise (même si on l’est tous un peu) mais que cela ne décolle pas pendant trop longtemps. Vous allez couper peu à peu les ponts avec la réalité, avec votre entourage, et à un moment donné, ça casse. J’ai vu trop d’entrepreneurs dans cette situation pour croire aujourd’hui que ça en vaut la peine.
  • Vous êtes sur plein de projets à la fois, vous vous sentez d’humeur zappeuse. A un moment donné, il va falloir choisir et vous bloquer suffisamment sur un projet pour lui donner sa chance. Si vous sentez que vous allez juste effleurer le problème, et que vous avez envie de glisser sur un autre projet, faite le. Mais radicalement, sinon vous allez vous éparpillez… et monter une entreprise est déjà suffisamment compliqué !

Savoir s’arrêter, tout comme savoir ne rien lâcher, font donc partie de la panoplie des qualités nécessaires pour créer son entreprise. D’ailleurs, cela est valable pour le reste du projet, sur des sous-projets ou des activités nouvelles que vous voulez lancer. Tentez, donnez vous à fond, et regardez vite si votre énergie n’est pas mieux placée ailleurs !

Et vous, quel est le signal qui vous dit qu’il est temps de vous arrêter ?

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  1. Très bon article!
    Et moi qui, hier, parlait de « foi entrepreneuriale », pour ne pas quitter un projet sur un coup de tête!
    Comme quoi, les grands esprits :)

    >> http://jnchaintreuil.com/blog/2010/09/13/de-la-foi-entrepreneuriale-ou-que-faire-quand-lenvie-darreter-son-projet-frappe/

  2. Il faut savoir s’arrêter c’est clair , mais cela ne veut pas dire faire partie de l’équipe des perdants… On tombe souvent pour mieux se relever , j’ai créé un site de poker en ligne que je n’ai pas pu gérer bien comme il faut. Fermer boutique était dur – vraiment très dur – car c’est un projet qui m’a prit 1 année de ma vie jours et nuits, cependant quelque mois après j’ai su donner sa juste valeur à mon nouveau métier !

  3. tres bien vus! Nul n'a besoin d'etrte un scientifique nucleaire pour determiner que votre expose est non seulement tres riche en substance mais aussi tres bien elabore! Je travaille personellement des tres longues heures, je m'isole le plus souvant pour me concentrer.Il est tres dificile de jongler le social avec l'entreprenariat!

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