L’entrepreneur est un égoïste

[Ok, la rentrée est passée depuis un moment… mais c’est quand même aujourd’hui que reprennent les posts croisés du vendredi !!! Le principe ? Un seul sujet, plusieurs avis sur plusieurs blogs. Avec un p’tit nouveau dans la boucle, pour le plus grand plaisir de nos mirettes.]

Je rédige en ce moment une série sur “l’association” au sens large (épisodes 1, 2 et 3 déjà parus), et très bizarrement, je me rends compte de plus en plus que l’entrepreneur a une énorme propension à l’égoïsme. Un égoïste, c’est en effet quelqu’un qui rapporte tout à soi, un individualiste qui recherche avant tout son intérêt. C’est finalement un peu comme si cela devenait une qualité pour quiconque veut monter sa boite… Et, comme le disait à juste titre Sartre, “l’enfer, c’est les autres”.

Individualiste né…

Il en faut donc une bonne dose d’égoïsme pour monter son business, en partant du principe qu’on serait finalement mieux à travailler pour soi, plutôt que de bien vouloir s’insérer dans la société, voire dans une société, et travailler de concert avec d’autres pour en engraisser encore d’autres (qui eux, ne travaillent pas tout court).

Agir en solitaire est plus efficace…

Ensuite, et c’est un peu lié à la création d’entreprise en elle-même, l’entrepreneur doit prendre des décisions, et bien souvent se retrouve seul face à cette tâche. C’est lui le patron, et les décisions collégiales… vous savez où cela mène. Devant les difficultés auxquelles il est confronté, il est important pour l’entrepreneur d’aller vite, même si les choix ne sont pas les bons. Décider seul est donc d’une efficacité redoutable. Imaginez une réunion à chaque moyenne ou petite décision à prendre, avec pesage du pour et du contre et tout et tout. Franchement, la startup ne serait pas prête de décoller…

Mégalo, va !

Se prenant au jeu, l’entrepreneur va fatalement dériver sur un culte de sa propre personnalité (avec pour excuse de promouvoir son entreprise). Conférences, interviews, réécriture de l’histoire, séances photo, la pente est vite glissante… Pire encore, plus les “vrais” gens deviennent jaloux de tant d’existence médiatique, plus l’entrepreneur a tendance à s’adorer et à se couper lui-même du reste de ses congénères.

Work/Life Balance…

Très vite, donc, la distance entre la Terre et les pieds de l’entrepreneur prend des mesures importantes. Cela déborde ensuite sur sa vie privée : soirées, week-ends, tout est consacré à la startup. Finalement, et c’est le stade ultime de la maladie, il y a totale confusion entre la jeune pousse et l’entrepreneur. Pas le temps d’aller boire un coup avec des vieux potes, pas le moindre intérêt pour les choses de la vie “normale” (quel ennui), inscription aux alertes Google sur son propre nom, journées sans fin, maladie de l’email… Les symptômes sont trop nombreux pour être tous listés !

Guérison…

Bien évidemment, je décris la les cas extrêmes. Il n’en reste pas moins que derrière cet égoïsme apparent (mais oui, il n’est qu’apparent), se cache surtout une passion pour son métier, un total dévouement à son projet, et peut-être le plus important, un mode de vie à part entière. Car créer sa boite, ce n’est pas un job comme un autre, c’est bien un choix de vie autant qu’un choix professionnel.

Alors il est vrai que cela peut dériver un peu, mais cet égoïsme s’accompagne, de manière salutaire, d’un vrai intérêt pour les autres. L’entrepreneur a soif de comprendre les gens qu’il peut rencontrer, dans les domaines les plus variés qui soient. L’entrepreneur sait pertinemment qu’il a besoin des autres pour réussir et bien souvent souhaite faire grandir les autres avec lui et avec son projet.

Finalement, si l’entrepreneur peut sembler égoïste, ne serait-ce pas tout simplement une image pour se protéger et se montrer plus fort qu’il n’est ?

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10

  1. Je suis assez d’accord avec ta conclusion Guilhem!

  2. Seulement avec la conclusion ?
    Mince !

    😉

  3. :)
    Mais non. Tu sais que j’adore tout ce que tu fais et dis!

  4. Je sais, oui, mais c’est tellement bon de l’entendre à nouveau :)

  5. Megalo, va! (je sais, c’est copyright)
    😛

  6. C’est bien senti, sur les raisons qui poussent à l’autarcie de l’entrepreneur… mais je nuancerais un point. En effet, petite expérience personnelle…J’ai créé une startup il y a 10 ans, j’en recréée une maintenant.

    Je ne regrette pas d’avoir été complètement obsessionnel dans la première, surtout au démarrage (nuits blanches à répétition, vie mono-maniaque et monacale, etc.). Il fallait le faire.

    Mais aujourd’hui, je ne me leurre plus dans ce que peut apporter comme gratification une journée de 20h dédiée à une entreprise, fut-ce la sienne! Surtout, je vais boire des coups avec des potes. C’est ce lien social qui nous nourrit au final, pas la boite. Donc il faut le faire!

  7. Avé !

    Ces temps-ci je lis un peu tout ce que je trouve sur le sujet : je suis en phase de démarrage de projet.

    Je suis donc arrivé sur ton site pour lire « ce billet », me faire un avis et le donner 

    Je suis presque d’accord avec ton (ça fait davantage 2.0 le tutoiement) article.

    Oui, il faut une dose d’égoïsme pour « penser à se lancer », mais je ne crois pas qu’il en faille plus pour le faire.

    De plus, un fondement commun aux entrepreneurs que je commence à côtoyer est la volonté de « changer les choses » pour les autres, « rendre le monde meilleur » est souvent la base de leur credo. On est loin d’une attitude égoïste.

    A bien y réfléchir, le comportement que tu décris semble vrai, mais je changerais l’appellation que tu lui donnes.

    Ces attitudes typiques de l’entrepreneur dénotent plutôt une tendance égocentrique.

    Michel
    de http://www.conseil-syndical.info

    PS : Pour le moment je suis toujours ouvert aux pots entre amis, ouf !

  8. Belle article qui force un peu le trait mais qui dans le fond explique simplement que sans la passion pour son projet un entrepreneur ne va pas très loin.

    Je rejoint Le Tribulateur sur la justesse de ta conclusion.

    Pierre

  9. Je trouve très juste ton article.

    Je n’en suis encore qu’au stade de la mise en place de mon projet (et les procédures belges ne sont pas toujours évidentes), mais vu que dans le cadre de mon ancien travail j’en étais arrivée au stade de 60 heures/semaine, pour un même salaire, sans pouvoir récupérer mes journées, ni même prendre l’entièreté des mes congés annuels… autant que je travaille pour moi.
    Même en tant qu’employée dans le service public j’ai connu le stade de ne plus aller boire un verre avec mes amis… et je sais que maintenant je vais veiller à ne plus jamais oublier cet ingrédient indispensable à mon épanouissement personnel.

    Ce que je redoute le plus, c’est le fait que la majeure partie de mon travail se fasse à la maison, et je n’ai pas de raison de dépenser inutilement de l’argent en louant un local extérieur… frais inutiles pour le bon fonctionnement de mon projet. Donc… j’ai peur de confondre lieu privé et lieu professionnel… J’ai bien quelques idées pour remédier à la situation, mais la passion vis-à-vis de mon projet risquerait de l’emporter…

    Mais merci pour ton article qui ouvre les yeux sur l’essentiel 😉

    Nathalie

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