Mon article donnant quelques pistes aux entrepreneurs en herbe pour trouver une idée de création d’entreprise étant très certainement non exhaustif, j’ai décidé d’en faire une série, et d’y ajouter quelques réflexions dans les semaines et mois à venir. Je l’avais déjà fait d’ailleurs avec la possibilité, qui vous était soumise, de créer une boite sans idée.
Lorsque l’on parle de création d’entreprise aujourd’hui, on donne souvent ce conseil : regardez ce qui se fait ailleurs (donc, les USA), et copiez ce qui marche, vous serez innovant sur votre marché national.
Je prends aujourd’hui totalement le contre-pied de cette méthode : vous pouvez donc laisser tomber vos RSS de TechCrunch, cesser de loucher sur les incubateurs type Y-Combinator, arrêter de râler contre le peu de financement des projets web, …
Non, en réalité, il ne faut pas aller chercher AILLEURS quelque chose d’INNOVANT pour monter sa boîte, il y a bien plus simple : regarder CHEZ SOI, et dans le PASSÉ.
J’étais hier accoudé au comptoir de l’ApéroEntrepreneurs de Paris, lorsque je rencontre deux charmants jeunes startupers, qui d’emblée me pitchent leur boite. Pas de géoloc’, pas de social (quoi que), pas de techno nécessitant les perfusions d’Oséo, non, rien de tout cela ! En fait, ils (re)lancent la Bière Gallia, une bière brassée à Paris aux alentours de 1890, et depuis tombée dans l’oubli.
Business-model éprouvé, design tout trouvé, marque libre et néanmoins ayant déjà eu, à l’époque tout le travail de création, story telling très, très facilité, positionnement marketing assez évident, réseau de distribution prêt à accepter un produit innovant justement parce qu’il ne l’est pas… voilà les quelques avantages qui attendent les créateurs de « startups de grand-papa » !
Et il faut bien avouer que ça marche : après l’habillement, première zone de débarquement du « Vintage », voilà que tout un tas de secteurs sont touchés : la bouffe (vive le terroir et les vieux légumes), les boissons (j’avais incubé l’absinthe française « Pandor » à HEC), la papeterie (exemple criant avec moleskine), les voitures (Mini, DS3, …), le tourisme (ballade en 2 chevaux, …), mais également dans les services (conciergerie, livraison en vélo, …). Bref, c’est un vrai feu d’artifice.
Voilà pour les créateurs d’entreprise une excellente façon :
- de se construire une vraie belle histoire et une antériorité qui fait que le projet n’est pas « tout neuf » (donc vu comme moins risqué)
- d’aller plus vite en récupérant tout un tas de choses qui ont déjà été faites, et qui ont acquis la valeur d’l’âge et du temps passé
- de forcément aller sur des niches, en général assez haut de gamme
- et ensuite de pouvoir innover sur tous les autres aspects, tels que le marketing, le commercial, …
Et vous, quels autres exemples de startups utilisant de « vieux » concepts ou produits pour innover par-dessus avez-vous en tête ?
8 octobre 2010 at 15:56
Rafraichissant comme post!
Mais en gros, tu dis que tous les secteurs sont bons, sauf l’internet?
J’ai tendance a me dire que l’internet, finalement, est paradoxalement la ou il est le plus difficile de connaitre le succes. Mettre le pied l’etrier et monter son site (ou application..) parait plutot simple, mais le marketing qui va derriere, c’est certainement la ou c’est le plus dur… Pour avoir travailler chez L’Oreal avant de me lancer dans le web, je peux temoigner des methodes beaucoup plus lisses de lancements de produit…
Conclusion : bien reflechir a ses atouts peu importe sur le secteur / l’industrie sur lesquels on se lance!
8 octobre 2010 at 15:57
Tellement vrai… A force d’associer innovation et succès on oublierait presque que la plupart des tentatives d’innovations font pschittt et que la plupart des succès innovent effectivement surtout sur la façon de vendre.
PS : manque qq mots vers la fin : »
d’aller plus vite en récupérant tout un tas de… » de quoi ?
8 octobre 2010 at 16:22
Article intéressant !
Une des phrases de la conclusion semble ne pas être finie : « d’aller plus vite en récupérant tout un tas de ».
Bonne continuation,
Thomas.
8 octobre 2010 at 17:35
Je vais pas trop me creuser du coup : Les franchises
8 octobre 2010 at 19:04
J’en connais une très intimement mais je ne peux pas encore le dire publiquement. Elle est fondée sur l’approche que tu décris pour un objet encore plus ancien…
8 octobre 2010 at 23:19
Je suis assez d’accord avec ton post. Même les grands font de même, comme Citroên avec la DS ou la Coccinelle. On observe le même phénomène dans la mode : retour des années 80 cette année. D’ailleurs les années 80 c’est un bon créneau avec la grande vague d’adulescents qui tombent en pamoîson devant un kiki, un rubik’s cub ou un Atari. Il n’y a qu’à voir la pub Mousline qui s’est inspiré d’une ancienne version et qui fait un carton.
9 octobre 2010 at 6:38
Vrai ! Transformer des valeurs qui existent depuis toujours sous forme d’entreprise, y’a que ça de vrai
11 octobre 2010 at 10:41
C’est vrai qu’il est souvent beaucoup moins risqué de rentrer dans une industrie existante que d’en créer une!
J’ai deux anciens collègues de promo qui ont relancé la marque Tann’s en France.
Autre idée maline (je ne sais pas si c’est leur cas), toute marque non utilisée depuis 10 ans tombe dans le domaine public. Pourtant, au bout de 10 ans, les grandes marques sont encore évocatrices pour beaucoup de consommateurs. Du coup, cela permet de se lancer avec une vraie marque à moindre frais!
11 octobre 2010 at 11:46
Très bon point, qui semble vivre un « revival » en ce moment et je suis d’accord avec @Peggy, sur le côté cyclique.
Entre les reprises d’entreprises plus brick&mortar et l’importance du storytelling, il y a de réelles opportunités…
12 octobre 2010 at 12:23
Pour poursuivre, voilà une autre idée de post: La reprise d’entreprise est-elle une création ?
J’ai repris ma boite il y a 6 ans, et ma vision c’est qu’on récupère une (si possible bonne) base, mais que derrière, c’est à nous de tout ré-inventer: Stratégie, go to market, plan de communication, évolution de l’offre.
A mon sens une vraie aventure de création, mais en un peu plus facile: on gagne du temps et de l’expérience, et on est tout de suite dans le bain… à J+1, on commence déjà à facturer, lancer des produits, faire des salons et…gérer les emmerdes
14 octobre 2010 at 14:39
@Ilan
« J’ai tendance a me dire que l’internet, finalement, est paradoxalement la ou il est le plus difficile de connaitre le succes. Mettre le pied l’etrier et monter son site (ou application..) parait plutot simple, mais le marketing qui va derriere, c’est certainement la ou c’est le plus dur… »
Tout est résumé ici. Le problème vient souvent du fait que les personnes qui se lancent sur internet pensent justement qu’il suffit de « monter son site » puis de faire du marketing. C’est là que réside le plus gros écueil.
Le site doit également être penser techniquement : il faut penser référencement dès la conception pour pouvoir être visible. Sans cela, même avec la meilleure stratégie marketing au monde, la route risque d’être longue et les coûts très élevés.