Créer son entreprise sans idée

J’ai écrit il y a quelques jours un article sur « Comment trouver une idée de création d’entreprise« . Le postulat de départ, c’est bien que l’on n’est pas obligé d’avoir l’idée, comme ça, un peu par miracle, on peut aussi la chercher de manière totalement délibérée, avec une démarche presque professionnelle.

Le corollaire de cet article, c’est bien que l’on peut créer son entreprise sans idée. En fait même, je pense que c’est est une excellente, d’idée. Plusieurs raisons (dont certains purement rhétoriques, je le concède) à cela :

  • On réussit souvent avec une autre idée que celle du départ. Alors finalement, qu’il y ait une idée ou pas, ça ne paraît pas être un élément rédhibitoire…
  • D’après la répartition communément acceptée par de nombreux entrepreneurs, monter sa boite, c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration. Créer sa boite avec déjà 0% ou 1%, il n’y a pas grande importance…
  • Il vaut mieux une bonne équipe avec une mauvaise idée qu’une mauvaise équipe avec une bonne idée. Je pousse le raisonnement encore un peu : il vaudrait donc mieux pas d’idée du tout qu’une mauvaise idée, surtout si l’équipe ne s’en rend pas compte (qu’elle est mauvaise).

On pourrait continuer longtemps, mais à l’heure où j’écris un match de la Coupe du monde va bientôt commencer et comme l’équipe de France ne le joue pas, je m’en voudrais de le louper :) Fast forward donc…

Si l’on crée sans idée, que faut-il en revanche avoir de son côté ? Même si tout comme l’idée, cela peut venir plus tard, je conseillerais d’avoir :

  • L’équipe. C’est en effet le plus important à mes yeux. Quelle que soit l’idée qui sera finalement choisie, si l’équipe est complémentaire et sait fonctionner ensemble, il y a de grande chance que cela « colle ». En tout cas l’une des principales causes d’échec (les équipes incomplètes ou qui explosent) est déjà partiellement gommée.
  • La méthode de recherche d’idée. Partir sans idée, oui. Mais du coup, il faut QUAND MÊME en trouver une ensuite. Et là, il ne faut pas attendre que l’on en ait une comme par magie : il faut la chercher et pour cela, le mieux, c’est encore d’avoir la méthode. Que ce soit à base d’entretiens réseaux, de lectures, de recherche et de datamining dans d’autres pays pour faire du me-too, par des séances de créativité, par la lecture d’études de marché, … il faut trouver sa méthode et travailler dur !
  • Une vraie écoute.  Lorsque l’on débute sur un embryon d’idée, l’important est de très vite aller au contact du marché (et pas dans les études McKinsey). Et là, l’écoute fait toute la différence… et force est de constater que certains ont des oreilles, et d’autres pas du tout. Je vous laisse deviner qui en général arrive le plus loin dans l’aventure de la création !
  • L’expérience. Créer sa boite sans idée et sans expérience est impossible selon moi, cela fait tout simplement trop d’inconnues dans l’équation. C’est important de bien se connaître et de bien comprendre les problématiques de la création d’entreprise pour ne pas faire toutes les erreurs qui attendent le débutant de manière quasi inéluctable.
  • Le réseau. En avoir (et si possible beaucoup) vous aidera à affiner votre idée, avec autant de sparring-partners potentiels ou d’antennes qui pourront vous rabattre vers de bonnes idées ou tendances de marché. Et de toute manière, on sait bien que pour créer, c’est toujours mieux, recherche d’idée ou pas.
  • Un peu d’argent. Le nerf de la guerre dans la création d’entreprise. Si cela est vrai au moment de la création, en avoir un peu avant la création pour pouvoir tester une idée ou l’autre est un vrai plus. En prenant toutefois gare à ne pas passer tout les moyens disponibles dans la recherche de l’idée et de se retrouver complètement à poil au moment de se lancer vraiment dans un projet !
  • La capacité à aller vite. Créer sa boîte, c’est lancer un compte à rebours, qui dure en moyenne 18 mois (selon mon étude pas du tout scientifique ni statistiquement cohérente). Au-delà, soit vous vivez de votre projet, soit vous levez vraiment des fonds, soit vous arrêtez (soit vous vivotez encore un moment mais sans aucune sécurité, sans plaisir, sans nouveau souffle : créer devient une vraie galère). Partir dans idée implique que la recherche de l’idée fait déjà un peu partie du compte à rebours… il va donc falloir cravacher d’autant plus vite !

Vous rajouteriez quoi ? (ou enlèveriez quoi ?)

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  1. Je rajouterai une seule chose : du SENS.
    Une équipe aussi performante soit-elle, doit être unie autour d’une idée qui fait sens pour chacun des membres.
    D’après moi, si l’on crée d’abord l’équipe, puis que l’équipe cherche l’idée, il y a un risque que l’idée ne fédère pas réellement le groupe.
    En effet, une idée qui peut sembler plaire à une équipe, ne fait par forcement ‘sens’ à chacun des individus qui la compose, car souvent l’avis du groupe l’emporte sur l’individu.
    Créer une entreprise sans idée est sans doute possible mais il me semble qu’il existe un risque plus important pour la cohésion de l’équipe fondatrice.
    Cette réflexion peut en amener une autre sur l’importance d’un porteur de projet (ou d’idée) lors de la création de l’entreprise et sa capacité à s’entourer d’une équipe qui ‘adhère’ à sa vision.
    Créer une entreprise sans idée, c’est également créer une entreprise sans ‘porteur de projet’ est cela peut avoir des conséquences…Qu’en pensez vous ?

  2. Intéressant l’idée de pas avoir d’idée!!!

    Cependant, je ne pense personnellement pas que l’expérience soit forcément indispensable. En effet, même si l’on peut dire que c’est un avantage (si l’on travaillais précédemment dans le même secteur d’activité), le projet de création puis la gestion d’une entreprise par la suite n’aura de toutes façons rien à voir avec l’expérience que l’on aurait pu acquérir précédemment dans un emploi « classique ».

    Par contre, je vous rejoins totalement sur l’écoute. Il est indispensable d’absorber le maximum d’informations dès les premières prises de contacts avec d’éventuels fournisseurs, clients, concurrents, … afin de s’orienter réellement vers ce qui semble les intéresser.

  3. Moi, je rajouterai un business model. Non pas business plan, mais la démonstration chiffrée que mon idée peut générer un résultat positif.
    On est alors à mi-chemin entre l’offre et la réalisation.

  4. Moi, je rajouterai un business model. Non pas un business plan, pas une usine à gaz mais la démonstration chiffrée que mon idée peut générer une marge, un résultat positif.
    On est alors à mi-chemin entre l’offre et la réalisation. Ce filtre arithmétique est essentiel.

  5. Je suis d’avis que – trop souvent – les aspirants entrepreneurs se concentrent sur la recherche d’une idée extraordinaire. Or, généralement, les idées extraordinaires ne se trouvent pas en cherchant… Elles surgissent là où on ne les attends pas, souvent conséquence d’autres mauvaises idées (qu’on croyait extraordinaires au début) qui ont été détournées de leur but initial.
    Chaque année, il y a des entreprises qui se créent, avec soi-disant un concept révolutionnaire et qui font faillite après 6 mois. Dans le même temps, des entreprises se créent, avec des business traditionnels. Mais la volonté de le faire un peu mieux ou différemment des autres amène généralement à la réussite (même si on amasse pas des millions d’€ comme le fondateur de Google ou Amazon).
    En résumé, les idées extraordinaires sont difficiles à trouver et, de plus, le timing est souvent primordial (combien de bonnes idées n’ont pas abouties car sorties trop tôt ?). Donc, le mieux est peut-être de copier un bon business et se concentrer à mieux le faire. A le faire autrement. A le réinventer.

  6. J’aimerai rajouter à tout ce qui s’est dit : la ténacité
    En effet , après la création de l’activité on peut se retrouver très vite dépassé par les évènements. Le modèle économique théorique que l’on a défini avant la création est souvent très différent de la réalité du terrain. On peut se sentir alors à ce moment découragé, et de là , il n’y qu’un pas pour abandonner son projet. Comme l’a dit Guillhem Bertolet, il faut au moins 18 mois pour mettre en oeuvre son projet, mais je rajouterai qu’il faut au moins le même temps pour stabiliser son entreprise une fois qu’elle est créée. Par stabilisation j’entends pérennisation, et apprentissage de la réalité « terrain ». Il ne faut pas oublier que grand nombre de succes story à l’instar d’un microsoft ont pris un certain nombre d’années. avant d’exister. Sans la ténacité de ces créateurs, nous ne serions peut être pas en mesure aujourd’hui d’échanger sur ce blog.
    Pour ce qui est de la création d’entreprise sans avoir d’idées, cela est possible uniquement si on a une bonne connaissance générale de la création d’entreprise (aisance commerciale, juridique, financière etc). Dans ce cas, on aura plutôt un profil de chef de projet qui « chapeautera » un projet. On les qualifiera de « serial entrepreneur ». De nombreux investisseurs privés ayant toutes ces qualités créent d’ailleurs des fonds d’investissements à la recherche de la bonne idée.
    Pour finir, j’ajouterai que pour réussir dans quelque création d’entreprise que ce soit , il faut appliquer la règle des 5 P : Une Parfaite Préparation Prévient la Piètre Performance.

    David loudin
    Consultant Associé chez 123 consulting

    • Bonjour , je suis également à la recherche d’idées , j’ai 26 ans , et je vis au Maroc ,j ai besoins de quelques conseils … je suis vraiment perdue ! Merci

  7. Salut David,

    Intéressante ton idée et carrément pertinente.
    Je suis sûr que de trés nombreuses personnes dont moi aimeraient créer leur entreprise mais en se demandant quel serait l’objet de celle-ci.
    Ma crainte a toujours été est-ce que j’aurai un fonds de roulement suffisant avant de vivre de cette entreprise.
    Et comme je suis un peu feignant et que question boulot je suis pépère je n’ai jamais tenté l’aventure.

    Et toi, que deviens tu?
    Je me souviens qu’on s’est croisé une fois ou deux dans le métro parisien et que tu me disais travailler à new-york et je crois en informatique, j’ai bon?

    J’attends de tes news, see you:))

  8. merci pour vos idées…

  9. Merci pour article tres reussi Guilhem.
    Je dirais aussi la passion ! Plus vous montrerez que vous etes reellement investi dans votre projet plus votre environnement aura confiance et sera a l’ecoute.
    C’est un mot qui revient souvent lors d’interview de CEO, je pense notamment aux fondateurs de Fab.com. Pendant LeWeb London, ils expliquaient que pour creer Fab, apres plusieurs echecs, ils s’etaient pose la question « Qu’est-ce qui nous passione? » C’est bien une des motivations premieres d’un entrepreneur que de « travailler » dans un domaine qu’il affectionne.

  10. C’est vrai que beaucoup veulent entreprendre sans avoir d’idée. Je suis d’accord que ce n’est pas un obstacle en soi, mais comme tu le dis si bien dans cet article, la recherche de l’idée fait déjà partie du compte à rebours ! Beaucoup tournent ainsi en rond pendant des années et des années, à la recherche de THE idée, en partant un peu dans tous les sens, et finalement, sans jamais rien concrétiser.
    Pour ceux qui n’ont pas d’idées, il reste les franchises, voire les franchises simplifiée (marketing de réseau) qui ont l’avantage de vous apporter un concept, des outils, un accompagnement, et tout cela avec très peu d’investissements financiers. Attention par contre, une franchise même en mode simplifiée ne veut pas dire que tout sera facile et que le « plan va se dérouler sans accroc ». Cela reste une aventure entrepreneuriale à part entière, avec ses hauts et ses bas.

  11. Comment monter son entreprise sur un secteur porteur ? La réponse dans mon livre sur un secteur en pleine expansion. Devenez cultivateur de champignons de paris, assurez vous des compléments de revenus substanciels.

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