5 erreurs pour lesquelles on devrait fouetter un community manager sur la place publique

Edit : ayant reçu un mail de la part de la personne concernée – se plaignant de l’attaque personnelle (voire de la diffamation – ce qui à mon avis est loin d’être le cas) – j’ai anonymisé tout l’ensemble, restant sur ce que je disais au moment de l’écriture du mail, à savoir faire quelque chose de pédagogique pour les futurs « CM » qui seraient tentés de suivre les mêmes pas. Voilà qui rend sûrement l’article moins croustillant, et qui pourrait d’ailleurs rajouter un point n°6 sur la mauvaise gestion d’un bad buzz, mais bon. Passons à autre chose.

 

Je reçois régulièrement dans ma boite mail (d’ailleurs je pourrais ouvrir une rubrique rien que la-dessus, ça me ferait au moins 4 articles par semaine) des messages de « community managers », avides d’obtenir de ma part quelques mots sur leurs propositions commerciales dans ce blog. Je suis assez content d’avoir jusqu’alors préservé mon espace perso de toute souillure publicitesque, mais j’ouvre quand même ces messages, ne serait-ce que pour me rappeler toutes les erreurs à ne pas commettre lorsque l’on parle avec des personnes aussi susceptibles et mégalo que des blogueurs :). Et puis, on ne sait jamais, si une marque venait à me proposer quelques milliers d’euros pour que je dise ce que je pense vraiment, sur des thèmes qui intéressent mes lecteurs, peut-être que je serai tenté… 😉

Hier néanmoins, un message a retenu mon attention plus que les autres tant il cumulait les erreurs : celui de F***** Off*******. Je tiens à préciser que je n’ai rien contre la personne en particulier qui l’a rédigé, et loin de moi l’idée de faire de cet exemple un cas personnel (voir EDIT en entame de post), mais je crois malheureusement que, là, on est assez loin de ce que devrait être le community management. En tout cas selon moi. Et puis je me dis qu’avec cet article – même perdu dans la touffeur aoûtienne et je compte sur vos tweets pour le propager ! – je vais rendre service à plein de jeunes community managers en leur faisant prendre conscience que suivre cette voie ne leur apportera rien d’autre que des articles comme celui-ci :)

Voilà le message en question :

Comment avoir tout faux dans un mail à un blogueur (cliquez pour agrandir)

 

C’est parti donc pour les 5 erreurs qu’on peut tirer ce la démarche de F****Off***

1. Ne pas humaniser son message

Il n’y a pas à creuser bien longtemps pour se rendre compte que ça a dû y aller, le copier-coller, hier aprem chez les stagiaires community managers de l’entreprise en question. Le mail est tout ce qu’il y a de poli, mais franchement quand on parle à un  blogueur on évite de faire une lettre qui sonne 100% administrative.

D’ailleurs, ce qui est marrant, c’est qu’il semble qu’on soit nombreux à avoir reçu ce message, comme en témoigne l’impr’écran de ma page Facebook (rejoignez-moi y, on s’y marre bien et j’y pousse pas mal de choses sympa) :

En plein mois d’août, en juste un message sur ma page FB, déjà 2 personnes dans le même cas que moi !

 

2. Se contenter de taper dans google les mots clés sur lesquels il veut se référencer, trouver les blogs bien positionnés, les contacter tous sans même lire de quoi parlent les blogs

Clairement, c’est la façon de fonctionner des mauvais community managers. On veut du lien entrant sur son site commercial, donc on fait une liste de mots clés, on les tape dans Google et on récupère les contacts des blogueurs bien positionnés. Et de tomber dans le second piège dans ce genre de cas : vouloir faire croire que l’on envoie le message car on est un lecteur assidu du blog…

Euh… comment dire… on se fout de ma gueule là ?

Sinon : le fameux CM saurait que j’écris en français, pour les entrepreneurs en France, que je trouve top nos écosystèmes, que je me bouge pour les faire vivre, que j’ai une vision de l’entrepreneuriat très éloignée de juste « faire ça pour gagner du fric, taper dans les subventions et partir payer mes impôts ailleurs »… Et aussi qu’il n’y a pas de pub ici, pas plus que d’articles sponsorisés.

3. Penser qu’un blogueur ne réfléchit pas à ses sujets

Ce qui me gêne ici aussi dans la démarche de *%*%*ùµ%*ù, c’est qu’il ne me laissent pas le choix de faire mon boulot « éditorial », c’est à dire de traitement de l’info. Peut-être en effet qu’un sujet sur l’offshorisation des société aurait pû trouver sa place dans ces lignes. En soit, ce n’est pas con du tout même. Mais là, on me dit ce que je dois écrire. On ne me propose pas les résultats d’une étude ou un témoignage ou un lancement d’offre, que je peux inclure dans une réflexion plus globale, non, on me sert la soupe, à moi de la faire transiter par mes tuyaux pour la prédigérer pour vos pauvres yeux de lecteurs. Mais il y a erreur : pour le temps de cerveau disponible, ce n’est pas ici !

4. Louper son coup sur le contenu

Venonsen à l’article qui m’est proposé. Je vous l’ai partagé ici. Je vous avais partagé… Je l’ouvre, je vois le titre : « quand la fiscalité s’intègre à votre business-plan« . Bon, soit, au niveau bloguing ce n’est pas un bon titre, ça ne fera pas vendre c’est sûr.

L’accroche de l’article n’est pas de très haute volée non plus (même si je ne me prends pas pour un prix Goncourt en puissance, je pense qu’on peut faire nettement mieux, quand même, avec 12 secondes de réflexion avant de poser les phalanges sur l’azerty) :

En France, les entreprises sont soumises à de nombreuses charges à reverser à l’état. Environ 60% de taxes sont à reverser, ce qui ponctionne de façon importante les bénéfices.

Le corps de l’article est du même acabit :

  • on y parle de millions d’euros déconomie (euh… pour un blog de startups, oui oui)
  • on sent qu’on a voulu traiter le sujet business-plan, mais on voit que les auteurs n’ont pas dû en voir beaucoup : « Un Business Plan est un document essentiel regroupant les différents projets de l’entreprise dans un avenir proche ou lointain. ». J’aurais du mal à laisser passer ça quand même…
  • les e-commerçants souriront à la phrase  » … une plateforme e-commerce aura tout intérêt à installer son site en offshore à Gibraltar. Outre le gage de qualité pour les e-commerces garanti par le pays, … »
  • et je passe encore sur l’aspect déontologique « limite » du sujet, chacun en pensera ce qu’il veut !
Mais là où ça devient encore plus marrant, c’est qu’en faisant une rapide recherche sur Google, on se rend compte que l’article est paru chez d’autres personnes (edit : j’ai supprimé la référence) – par exemple – le 6 juin dernier. Voilà une belle exclusivité qu’on m’offre, assortie d’un risque de duplicate content

5. Mettre tout de son côté pour que ça sonne pas totalement vrai (ou en tout cas relativement « cheap »)

Pas de signature en bas de l’email avec un numéro de téléphone (genre non je ne veut pas qu’on m’appelle), une adresse en gmail (*******@gmail.com), juste un prénom (de fille, comme par hasard), un mail lié à une autre personne sur les réseaux sociaux (c’est mon plugin rapportive qui m’affiche la belle photo de *********)… voilà quelques éléments « bonus » qui se rajoutent, histoire de donner la touche finale à cette démarche plutôt malheureuse…

 

Bon allez, rigolons-en, on est en 2012, c’est assez nouveau, les blogs, le CM, les réseaux sociaux, tout ça tout ça :)

Et vous, quelles autres erreurs vous rajouteriez à la liste pour compléter le petit guide du mauvais Community Manager ?

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  1. Article interessant, je trouve par contre que ce n’est pas très sympa d’afficher le site et surtout la personne.

    • C’est ce que je me disais il y a un peu de temps, mais franchement, ils n’apprendront jamais si on cache toujours qui fait quoi. Et puis, par définition, un community manager, ce n’est pas quelqu’un censé représenter la société ? c’est dans son rôle je pense :) !

  2. Au final ca leur fait un peu de com, il n ‘y a pas le BL tant recherché mais tu leur rend bien service ( bon ou mauais , un buzz est un buzz!)

  3. Bonjour Guilhem,

    Merci pour cet article… à tiroirs :-)

    – concernant l’offre : je trouve cela bien de faire connaître des pratiques, disons « peu éthiques », car cela permet de partager des valeurs entre entrepreneurs (et nous sommes preneurs de conseils « techniques » tout autant que de valeurs dont nous nous servons pour créer notre société). En plus nous avons la chance d’avoir quelques entrepreneurs accomplis qui soutiennent une démarche de développement social de l’entrepreneuriat, cela donne une bonne influence sur notre écosystème. Pour la société prise en exemple, cela leur fait il est vrai un peu de buzz mais j’imagine que les sociétés qui ne veulent pas payer en France n’ont pas attendu cet article ^^.

    – concernant les 5 conseils : comme d’habitude le fond est juste et complet, toutefois en le lisant je pense aux startup où le manque de moyens et les méthodes « agiles » (pas que du point de vue des devt donc) nous amènent parfois à ne pas avoir autant de rigueur dans le com mgt. Rien à redire donc mais j’espère juste que les blogueurs en ont aussi conscience, avant de nous faire venir sur leur place publique pour y être fouettés :-)

    Amicalement

    Arnaud

  4. La 1ere erreur n’est-elle pas de confondre le métier de community manager avec celui d’attaché de presse, non ?

    • Si !
      Ça me donnerait en plus la possibilité de faire un autre article :)

      • Le métier de CM n’est pas cantonné à la gestion des RS.
        Un CM s’occupe de la réputation de la marque sur la toile, les relations blogs en font donc partie (un blog étant social) : devenir contributeur et en recruter donc également.
        Alors Mister Pascal49, il faudrait peut-être revoir, et élargir votre conception du CM en interne.
        Toute les sociétés n’ont pas la chance d’avoir un chargé de RP et un CM à la fois.
        Le CM est à proprement dit le « couteau-suisse » de la réputation de la marque sur le web, sa fonction l’est donc.

      • @Hugues : c’est votre conception (très personnelle) du travail d’un community manager. Quand on connait un temps soi peu le travail de l’attaché de presse, cette mission est bien plus proche de cette fonction.

        Et quand une entreprise a les moyens de se payer un community manager, ça fait déjà très longtemps qu’elle utilise les relations presse/blogs dans sa stratégie de communication (bien avant que les réseaux sociaux n’arrivent sur le net).

        Un community manager a déjà beaucoup à faire dans sa mission quotidienne. On lui demande de plus en plus de compétences (il doit passer beaucoup de temps à s’auto-former). Je ne vois pas du tout le rapport entre réseaux sociaux et communiqué de presse tel qu’il est présenté dans cet article. Je travaille complétement différemment mon approche avec les blogueurs dans un échange donnant-donnant.

        « couteau suisse » n’a aucun sens pour un community manager. C’est le chef d’entreprise qui doit avoir cette caractéristique (et je sais de quoi je parle). Il ne faut pas donner plus d’importance à la fonction de community manager qu’elle n’a réellement ! Je parlerai plus de « porte-parole de l’entreprise sur internet ».

      • Si vous lisez bien je parle de « couteau suisse » de la réputation de la marque sur le web. Nuance à prendre en compte. Vous dérivez.
        Je crois qu’on ne peut pas dire grand chose si vous ne voyez pas le lien entre community management et relations blogueurs.
        Les influenceurs ( donc blogueurs) font partie intégrante de la communauté de marque. C’est au CM de la construire et de gérer ses relations.
        Bref, à chacun de définir les bases du poste et ses limites

  5. Bon ben j’espère que mon mail du jour plus personnalisé ne sera pas mal pris :-)

  6. Tres bon article ! Et tres beau specimen envoyé par F***Off***..

  7. S’agit-il vraiment d’une démarche maladroite de community management? ne s’agit-il pas simplement d’un bon vieux mailing de masse adapté grossièrement à la sauce 2.0?! Je ne connais pas cette société, mais je n’ai pas l’impression qu’ils cherchaient à s’approcher véritablement du CM!

  8. Bon c’est un peu vache de sortir le mail comme ça, mais en même temps, le CM avance masqué, c’est de bonne guerre 😉

    Ce serait pas mal de produire un article sur ce que c’est qu’un bon mail de contact blogueur. En tant que CM, je m’adonne souvent à cette exercice, et c’est vrai que ça reste assez délicat de contacter un blogueur.

    Je te rejoins totalement sur l’erreur de sélectionner les blogs les mieux positionnés sur Google pour ensuite leur faire croire que tu lis vraiment leurs articles (j’ai essayé il y a de ça 3 ans et les résultats étaient catastrophiques^^)

    • Entièrement d’accord. Ca dépends de l’entreprise mais les « relations blogueurs » font parfois partie intégrante du boulot de CM. L’exercice est effectivement délicat dans la mesure ou le contact blogueur est souvent perçu comme intrusif.

      Le point de vue de l’article est intéressant à ce niveau mais à mon sens, il manque la proposition positive 😉

      On a bien compris ta position Guilhem. Mais du coup, que faudrait il faire selon toi pour des relations blogueurs efficaces et gagnantes gagnantes?

  9. Thomas Allier

    3 août 2012 at 17:34

    Ton titre induit en erreur, cet article ne traite absolument pas de community management.

    Proposer des articles héberges n’est en rien le rôle du community manager (qui a a charge la gestion de la e-reputation d’une entreprise et l’animation d’une communauté sur les réseaux sociaux). C’est la mission du netlinker qui va chercher à développer son SEO a travers une stratégie de link building.

    Les articles hébergés fonctionnent très bien, notamment aux états-unis. Ils permettent aux bloggeurs de générer du contenu utile pour son audience sans travailler et au netlinker d’améliorer son référencement. C’est une démarche gagnant-gagnant à partir du moment ou elle est correctement menée.

    Bon ici le contenu de la proposition d’article semble merdique et déjà publie. Personnellement, j’aurais mis le mail dans spam, mais je vois pas vraiment la nécessite d’en faire un article et d’humilier l’auteur qui s’embarrasse déjà lui-même suffisamment avec un job de merde. Beaucoup n’ont pas la chance (ou les c######) d’être entrepreneur (surtout en France) et doivent se cantonner a des missions pas passionnantes.

    Il serait plus intéressant de savoir ce qui te convainc toi Guilhem en tant que bloggeur d’héberger l’article d’un autre.

  10. Le défaut c’est que ce sont des community manager qui n’ont jamais touché à un blog et qui donc ne savent pas que les blogueurs sont très sollicités. Je suis community manager, je blogue pour mon boulot et pour le perso et je reçois des 2 côtés des mails similaires, ce qui me permet de déduire rapidement quelles sont les démarches qui fonctionnent. Et malheureusement, elles sont peu nombreuses…

  11. Bonjour!

    Bon j’avoue j’ai bien ri en lisant tout ça mais bon bien que la critique soit justifiée, et si elle était plus constructive? Un peu du style « Ce qu’elle a fait/ce qu’elle aurait du faire » parce qe c’est peut être pas évident de maîtriser tout cela comme tu l’as dit à la fin de ton article.
    Le prochain : (sans leur apprendre leur métier) CM : 5 conseils pour vous éviter d’être fouettés sur la place publique? :)

  12. Bonjour, ton article est intéressant néanmoins tu t’attaques car c’est le mot à un Community manager qui suit les ordres d’un patron donc c’est un peu facile je trouve. De plus en plus, les CM entretiennent des relations avec les blogueurs pour obtenir des liens. Dans mon cas c’est bien souvent dans le cadre de concours organisé ou des tests de produits bref c’est un échange réciproque, un partage en bref ce qui représente les réseaux sociaux et donc le community management. La démarche est lourde je te l’accorde mais la proposition si j’ai bien lu était de te fournir des articles et de choper des BL ce qui s’apparente donc à un échange de bon procédé. Alors la démarche de la personne de ne pas mentionner son nom et plus que légitime sachant que comme je l’ai dis plus haut, tu écris sur quelqu’un qui travaille pour une société et qui doit avoir des consignes precises de la part de son patron sur la mise en place de partenariat avec des blogueurs…

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