L’avènement du web a amené quelques modifications de comportement bien normales : addiction au temps réel, augmentation de la masse d’informations, omniprésence des « réseaux sociaux », personal branding, …
Pour l’entrepreneur, cela a aussi quelques effets : email overload, raccourcissement de l’horizon temporel pour le projet, transparence nécessaire accrue dans le lancement de son projet, accélération du rythme du business et des développement, apparition de la lean startup et de ses sacro-saints pivots…
Penser à long terme, exécuter rapidement : le paradoxe de l'entrepreneur ?
Difficile de construire alors un projet sur la durée. Alors que je travaille effectivement depuis à peine 2 mois sur mon projet, mon entourage me demande déjà comment ça avance, si j’ai des clients, un proto… Et la prolifération des StartUpWeekends ou des différents formats « compactant » le temps perçu comme normal pour lancer un projet web n’aide en rien à cette tendance.
Pourtant, il faut du temps pour lancer une boîte qui fonctionne, même sur le web. Ceux qui partent dans le monde de l’entrepreneuriat avec l’idée qu’en quelques mois clients et investisseurs auront ouverts leurs carnets de chèques se retrouvent souvent sur le bord du chemin quelques mois plus tard, exsangues dans leur trésorerie, blasés et frustrés dans leur moral. Heureusement, l’échec est devenu à la mode, c’est toujours ça pour se réconforter et relancer quelques choses.
Si à mon sens il est important que l’entrepreneur sache exécuter, vite et bien (je l’avais exprimé ici en disant que l’année durait 4 mois pour les entrepreneurs web), cela ne dois pas se faire dans la précipitation, et en tout cas il faut savoir être rapide pendant longtemps. Avoir les fonds pour durer. Pour avoir le temps de trouver son marché, ses clients, comprendre les cycles de vente, construire une équipe avec de vrais bons mecs (et nanas), acquérir de l’expérience, être reconnu comme expert…
Actuellement, je me donne une décennie (oui, 10 ans), pour réussir ma boîte. Je réfléchis ma stratégie sur 5 ou 6 ans. Je cherche à consolider un plan de financement pour 3 ans. A travailler avec une équipe qui se donne aussi un horizon temporel suffisamment lointain pour ne pas flancher à la première difficulté, pour ne pas aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs trop tôt sans « tirer les marrons du feu », en récoltant ce qui a été semé. Ce qui ne remet pas en cause d’ailleurs la volonté, opérationnelle cette fois-ci, d’être très réactif, d’apprendre vite en testant et faisant des erreurs, de grandir rapidement.
Et vous, vous jouez le long terme ?
14 novembre 2011 at 13:00
Avoir une stratégie moyen/long terme au départ est certes indispensable avec le pré-requis indispensable d’avoir comme tu le précises les fonds pour tenir. C’est le nerf de la guerre.
Alors oui convaincre lorsqu’on est une jeune pousse, avec un produit innovant et une équipe inconnue prend du temps et est en totale opposition avec notre société super active, rapide, à la communication débordante.
Faire les pas de reculs nécessaire pour comprendre le marché, relativiser est indispensable. Mais aussi comprendre que notre empressement à conquérir des clients n’est pas forcément l’empressement desdits clients!
Bref patience et conviction sont les mots à se rabâcher tous les jours!
14 novembre 2011 at 13:54
Sujet difficile. Quelques liens en anglais sur le même thème :
* http://jacquesmattheij.com/It+takes+three+years+to+build+a+business
* http://swombat.com/2011/10/14/three-years-business (la réponse au précédent)
* http://www.avc.com/a_vc/2011/11/long-roadmaps.html (tout frais de Fred Wilson)
Je ne suis pas complètement d’accord avec le dernier, je ne crois pas aux roadmaps à X ans, X > 2 pour une boite techno / Web. Le monde change trop vite. Par contre, complètement d’accord pour le financement et l’équipe. J’ai l’impression qu’on confond trop les cycles de vie du produit et de l’entreprise.
14 novembre 2011 at 15:33
Wow merci!
C’est réconfortant de voir ce genre de billet. en fait j’ai de plus en plus l’impression que le premier objectif aujourd’hui pour une startup est de lever de l’argent avant même d’avoir un produit, des utilisateurs, de gagner de l’argent, de faire vivre (ou vivoter) sa boite.
14 novembre 2011 at 20:12
Bonjour,
Lorsque l’on apprend à conduire, le moniteur de l’auto-école nous demande d’aller chercher et d’analyser les infos le plus loin possible, d’avoir une vision profonde afin d’adapter et d’adopter la bonne conduite sur la route mais cela permet aussi d’anticiper et de rectifier notre façon de conduire en cas d’obstacles imprévus et ainsi d’éviter l’accident…
Je pense que tu as raison de jouer le long terme, de prendre ton temps car souvent on ne fait jamais rien de bon dans la précipitation et puis Rome ne s’est pas construis en 1 jours 😉
Bon courage dans ton projet !
15 novembre 2011 at 10:28
Bonjour Guillaume,
Cela fait quelques temps que je te suis sans pour autant intervenir mais je là, je ne peux plus rester dans le silence.
Ton article rejoint exactement ma pensée.
En effet, cela fait maintenant 6 mois que j’ai commencé mon activité. Je ne vais pas expliquer le concept ici mais juste dire qu’il s’agit d’un concept assez nouveau donc très long à mettre en place.
La plupart du temps, lorsqu’on me demande comment ca avance, les gens sont étonnés que je leur réponde « très doucement ».
Il ne comprenne pas que je prenne le temps d’assoir ma stratégie, de prendre le temps de mettre les choses en place, de trouver des clients,…
Je me suis fixé un objectif de 2 ans avant que ce projet soit viable, cad que je puisse en tirer un revenu substantiel et 4 ans pour atteindre mon objectif principal.
Alors oui, il faut du temps!
Dans cette société d’hyper réactivité, peu de gens comprennent la nécessité d’avancer prudemment.
Cela n’empêche en aucune manière d’être réactif.
Cordialement,
16 novembre 2011 at 15:35
Merci Guilhem !
Construire long terme est aussi la condition sine qua non pour construire du vrai, du concret, de l’humain, du solide. Dépassons l’horizon de la boite-bulle qui n’a pour vocation que d’être revendue dans les 3 ans : ce n’est pas réel !
19 novembre 2011 at 10:41
Qui veut voyager loin ménage sa monture. les objectifs de demain seront très certainement différents de ceux d’aujourd’hui.
Une stratégie à long terme est obligatoirement évolutive, donc adaptative, car un entrepreneur n’a pas la main mise sur tous les paramètres. Si l’interne est déjà assez dur à contrôler, que dire de l’externe ?
Beaucoup de patience, de sérieux, de recul et d’implication. Mais surtout, il faut admettre dès le départ que la vie ne nous réserve pas toujours tout ce qu’on veut. Ca peut être un boost en situation propice, pour ne pas se reposer sur ses lauriers quand ça commence à marcher. Car les exercices comptables se suivent mais ne se ressemblent pas !
19 novembre 2011 at 23:52
Oui et non pour le long terme.
Avoir une position trop « longtermiste » n’apporte pas le succès au contraire de ce que l’on peut lire ou penser. Il est évident qu’il faut avoir une vision mais cette dernière doit entrer aussi dans un schéma de court terme car personne ne peut survivre longtemps sans manger ni boire. Il faut décrocher du client rapidement si on veut avoir un avenir et (se) prouver qu’on est dans le vrai. Sauf si on a un VC énorme derrière soi qui accepte votre vision lointaine.
22 novembre 2011 at 0:57
Vu que ce n’est apparemment pas ta première boite, peu être qu’une vision à long terme est une bonne chose car tu sais déjà où vont se situer les grandes difficultés. Dans le cas d’un premier projet je pense qu’une vision à long terme est franchement une mauvaise idée. Avec le peu de recul que j’ai, je peux déjà constater que la seule manière d’apprendre c’est de se confronter directement aux difficultés, et je pense qu’au final qu’il les analyse en amont du projet doivent rester «simplistes». Il faut tester et voir ce que ça donne et surtout ne pas craindre les remises en question pour toujours rebondir et peu être un jour connaître le succès avec son entreprise.
1 juillet 2015 at 8:04
Enfin un billet qui me conforte dans mon idée. Bien se préparer
en amont en ayant pris le temps nécessaire permettra en effet d’être plus efficace à l’exécution mais aussi de faire face aux imprévus avec plus de sérénité.