Une question qui revient régulièrement chez tous ceux qui sont en prise avec beaucoup de startups vient de m’être posée par twitter : « que regardes-tu chez un jeune entrepreneur ? ».
Et du tac au tac, de répondre :
J’en profite pour m’expliquer rapidement ici. Soyez donc sûr que la prochaine fois qu’on se croise et que vous me pitchez votre projet, j’aurai en tête ces éléments (et d’autres aussi que les 140 caractères de twitter ne m’ont pas permis de rajouter ). Et ne vous fiez pas à l’ordre, je les ai mis dans le désordre :p
- Le besoin auquel vous répondez. C’est LE premier truc qui m’obsède. Est-ce que ça sert à quelqu’un ? Quel est le problème qui est en train d’être résolu ?
- La capacité à exécuter. En fait, je rêve d’un monde où l’on ne me parle plus d’idée de business. Où l’on ne me parle que de projets où déjà quelques étapes ont été passées. Les idées, tout le monde les a ou peut les avoir. Le plus intéressant, c’est quand ça commence à se mettre en route. Alors cette approche peut sembler « à l’américaine« , mais s’il y a un truc à conserver de nos amis les ricains, c’est bien cette notion d’exécution.
- La vision. C’est important pour moi de voir que l’entrepreneur voit un peu plus loin que le bout de son nez. Qu’il y a un vrai truc « supérieur », une mission, une projection et une compréhension long terme de ce que le business peut devenir.
- L’écoute. Quand quelqu’un me parle de son projet, c’est assez facile de voir ceux qui le font pour me convaincre, en gros en mode « vendeur » et ceux qui essaient juste d’avoir un retour objectif. S’il y a bien un truc que je peux faire, c’est ça : essayer de dire ce que je pense et tenter de l’expliquer. Je n’investis pas dans les projets, je ne peux (sauf coup de coeur) pas les coacher, je ne parle que très rarement de startups en particulier sur mon blog au risque de faire des jaloux, je n’ai pas de solution miracle pour vous trouver des associés ou de super salariés ou stagiaires, ni pour vous faire rencontrer demain matin Marc Simoncini ou Xavier Niel. Par contre, je peux vous dire ce qui me semble clé dans votre projet, et il faut que vous soyez prêt à l’entendre (voir ici et ici à ce sujet).
- La compréhension marché. Une segmentation, une compréhension des vraies raisons qui poussent les gens à se décider, une vraie lecture des concurrents et des forces en présence, voir même d’une modélisation d’un écosystème, voilà ce qui fait la réussite d’un projet sur le plan « marché » selon moi. Donc je creuse sur ces questions.
- Comment l’entrepreneur est entouré. S’il est vraiment tout seul, j’ai tendance à me méfier. Ou s’il change un peu trop souvent d’associés. Mais aussi au sens large les personnes qui lui filent un coup de main, sa capacité à aller traîner dans tel ou tel réseau, s’il a un advisory, … Au-delà de l’entourage, c’est aussi sa volonté de s’entourer qui m’importe…
Last but not least, cadeau Bonux 3-en-1 :
- Les chiffres. Je cherche à regarder si l’entrepreneur en question a compris quels étaient les chiffres importants de son business (j’appelle ça les « economics » ou les « key metrics ») et s’il les connait. Et aussi de manière générale s’il aime les chiffres.
- La comm’ / vente. Pour moi, l’entrepreneur est un vendeur, alors je dois sentir ça chez lui, tout comme la capacité à raconter une histoire.
- Le bullshit (ou plutôt l’absence de bullshit). C’est mon Guilhem-o-score suprême, une sorte de bullshitomètre géant, qui me dit fréquemment « warning », ça pue le bullshit. Et un entrepreneur bullshite lorsqu’il n’a pas assez bossé, ou qu’il ne s’est pas posé les vraies bonnes questions qui font mal (mais qui font du bien quand même – l’entrepreneur est maso, au fond )
Et vous, vous regardez quoi ?
28 septembre 2010 at 17:28
Bonjour,
Je suis quant à moi plutot obnubilé (figure de style) par le tiercé équipe (ou plutôt la capacité à s’entourer, qui à mon sens englobe la capacité a executer), vision (qu’est qu’il veut faire, où veut il « aller » ?)et écoute. Bien évidemment le marché, les projection financières, l’aspect commercial, et même besoin… m’intéressent mais ce n’est pas la priorité des priorité aussi surprenant que cela puisse paraitre… surtout dans un premier temps durant. Le futur dirigeant peut en effet avoir une super idée mais relativement peu d’élèments pour l’étayer, à charge pour nous de l’aider ensuite à les réunir pour faire avancer le projet.
28 septembre 2010 at 19:38
Auriez-vous financé twitter en 2005/2006?
Quel est le marché de twitter en 2005?
Quelle est la vision de twitter en 2005 alors que msn, myspace et les sms existait déja?
Les américains y croint et misent gros, les Français suivent et commentent…
29 septembre 2010 at 14:28
et quel sera (finalement) le profitable modèle économique de Twitter ?
je suis tellement en phase avec Patricia
les Français ne suivent même pas, parfois certains …
quand aurons nous en France de vrais VC avec une vraie vision déjà de leur métier.
parce que c’est soit des BA (trop souvent hallucinants) soit des fonds si vous avez vos 3 premiers exercices solides.
et bien sûr faut rentrer dans les cases …
29 septembre 2010 at 21:45
Un peu la même chose que toi (très bien résumé ton post, comme d’hab’ !
Mon trio gagnant:
1/La capacité de l’entrepreneur à se remettre en question, son écoute.
2/Son sens commercial
3/Sa capacité à faire
6 octobre 2010 at 22:48
Merci pour cet article, je pense que cela est aussi valable pour les createurs d’entreprise…mais aussi pour tous les managers!
J’ai beaucoup le point numero 2 sur la capacite a executer: je rencontre effectivement un tas de personnes ayant des idees mais le probleme n’est pas d’en avoir mais bel et bien de les mettre en oeuvre! C’est la que ca se complique et que l’on voit la tenacite et la capacite de leadership des personnes.
Merci encore,
Anthony.
7 octobre 2010 at 15:01
Excellent article. Quelles formations ou livres recommandes-tu pour apprendre à raconter histoire (vraie) qui suscite l’attention du prospect ?
Merci d’avance – cela pourrait aussi faire l’objet d’un post si d’autres lecteurs sont intéressés par cette même question.
Yoann
15 octobre 2010 at 8:15
C’est tres genial l’article,
Dans le monde en developpement, c’est important de suivre cette pensee car elle guide nos pas et oriente nos sens entrepreneuriaux.Les jeunes aujourd’hui ont besoin de mettre en pratique ces theories pour se realiser en creant des PME et en travaillant pour leur avenir.
Nous sommes entrain de le faire donc de le mettre en pratique par une creation d’un projet pilote au Rwanda de Money transfer(micro transfer d’argent) et un reseau de 12 agences est deja operationnel.
Jean Bosco
10 février 2011 at 0:54
Comme Anthony, je pense que c’est aussi valable pour le management : je vois tellement de « bullshit » pour donner le change, d’incapacité à exécuter soi-même ou d’absence d’écoute. Juste un regard pour copier-coller.
10 octobre 2011 at 20:38
Et pour les vieux entrepreneurs, vous avez quelque chose ?
24 décembre 2011 at 18:08
Oui Stan; avoir suffisamment d’expérience et de sagesse pour encadrer les jeunes. La vie c’est un cicle.