Vous êtes assez nombreuses-nombreux à me passer par mail des questions sur vos business-plans. Cela fait plaisir de voir que cette belle étape (mais à faire au bon moment) ne s’est pas complètement perdue avec la lean startup, le growth hacking & co. L’une des questions qui revient souvent est :
« Je ne sais pas grand chose des flux financiers que je pourrai générer ni quand, j’ai un modèle qui ne marche qu’une fois que j’aurai du volume, que faire ? »
C’est normal.
En réalité, cela part d’une bonne volonté : donner à celui qui lit un peu plus d’assurance dans le projet en lui montrant des flux financier, un compte de résultat prévisionnel, et même une date précise pour l’atteinte du fameux point-mort.
Sauf qu’en startup, la réussite ne passe pas comme dans un commerce ou un activité de service « classique » et bien connue car faite par un grand nombre d’entreprise (on a alors plein de comparables). Non, ça passe par beaucoup d’incertitudes, et dès lors la personne qui lit le business-plan d’une startup ne juge pas sur les mêmes critères.
A titre d’exemple, je pense que je n’ai pas regardé un compte de résultat prévisionnel d’une startup depuis au moins… bin je sais plus. Pourtant j’en ai bouffé des BP
Ce qui compte, ce sont ces trois choses :
- Le business model
En gros, vous décrivez là « comment » vous devriez gagner de l’argent, pas « combien et quand ». L’idée est d’avoir l’adhésion de votre lecteur (investisseur, incubateur / accélérateur, …) sur la manière dont vous pourrez monétiser une audience / des users / de la data… lorsque vous aurez atteint votre taille critique
- Votre plan d’acquisition
Qui dit masse critique à atteindre dit aussi plein d’utilisateurs à faire venir à vous… Et donc il faut prouver par quels moyens vous allez les faire venir, et à quel coût (ou avec quel tour de passe-passe magique). SEO, SEM, Emailing, Partenariats de visibilité, achat de display, commercial à l’ancienne, … quels montants investi sur chacun de ces canaux ? pour quel résultat ?
- La tréso !
Plus qu’un plan financier, c’est ce que vous dépensez et quand qui importe. Ok, vous n’avez pas d’idée côté revenus… mais il faut VRAIMENT gérer sa tréso de près : qu’est-ce qui sort, à quel moment ? Combien de temps avez-vous avant de taper le mur (en gros de ne plus avoir de sous sur votre compte) ? Comment pouvez-vous rallonger la durée de votre « runway » (le nombre de mois que vous avez avant de manquer de cash) ?
Si vous êtes solides et crédibles sur ces 3 aspects, on vous pardonnera de ne pas savoir faire tomber vos chiffres dans toutes les bonnes cases de votre excel, et surtout vous serez en capacité de parler à vos interlocuteurs (ok, peut-être pas les banquiers) avec un oeil projet, et pas un oeil comptable qui ne se prête pas trop aux startups…
12 septembre 2014 at 10:38
Je me permet de rajouter un point concernant la tréso : vous devez absolument pouvoir parler de votre besoin en fonds de roulement, ne pas mentionné que vous l’avais bien intégré est un mauvais signal envoyé à votre interlocuteur !