Voilà une excellente question (qui revient d’ailleurs assez fréquemment) qui m’a été posée par mail par l’un d’entre vous.
Peut-on se lancer dans un service web social / b2c sans avoir de business-model avant d’être très gros ?
En gros, la question réellement posée, c’est est-ce que Facebook, Twitter, Linkedin, Vine, Pinterest, Snapchat and co auraient pu être français ? 
Réponse en demi-teinte – sous forme de « oui… mais… » de ma part.
Je suis très preneur de vos avis ou exemples, réussis ou plantés de votre côté !!
  • Je pense qu’on peut amorcer quelques temps des projets sans business-model en France, il y a quand même du financement « de premier tour »
    Se lancer en France sur un « truc social » est possible : il suffit de décider de se lancer, d’avoir les bonnes compétences (c’est-à-dire une team de deux, un dév avec un business qui a le sens du produit et du design – et c’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai milité pour qu’on donne des cours de webdesign à HEC), et un peu de temps (ie : d’argent) devant soi pour le créer, le produit. Si les gens sont smart dans l’équipe, il y a de fortes chances qu’ils parviennent à trouver un peu d’argent (Scientipôle, Réseau Entreprendre, quelques BA, les friends & family, bref les usual suspects…) histoire d’aller un peu plus loin et d’acquérir les premiers utilisateurs.

 

  • Je pense que si tu as de la traction, tu trouves de l’argent
    Il y a quand même pas mal d’argent autour des startups, et cet argent a tendance à aller vers les projets, B2B comme B2C, qui tendent à montrer qu’ils intéressent quelques utilisateurs, et qu’il y a des leviers pour accélérer l’acquisition. En fait c’est à mon sens là le couperet : les services qui rencontrent leurs utilisateurs et ceux qui n’y arrivent pas. Aussi bien développé qu’il soit, un service web ou une app peut, concevons-le, ne pas apparaître intéressante pour les utilisateurs, qui dans ce cas créent leur compte et s’empressent de ne jamais revenir (je serais bien embêté pour donner un chiffre sur le nombre de service où je me suis « mono-loggé », peut-être 1000 ? plus ?). Pour ceux qui ont de la traction (et savent la mettre en lumière), pas de souci pour lever un bon premier tour et continuer à jouer !

 

  • Il ne faut pas confondre « pas de rentrées » avec « pas break-even » – on peut très bien perdre beaucoup d’argent pendant très longtemps tant que les sous-jacents sont ok
    On a tendance à dire en France qu’il faut, pour convaincre les investisseurs, un business-model et des clients. C’est pas complètement faux. Mais je crois que l’on tend à confondre ça avec le fait d’être rentable. Plein de boites non rentables (enfin, plein, quelques dizaines quoi) arrivent à se financer et surtout financer des pertes le temps de faire une acquisition de « user base » propice à mettre en route le modèle économique « en masse ». Pour grossir vite et surtout se donner la possibilité d’être très massif un jour, il faut accepter de perdre, longtemps, pas mal d’argent. Mais ce n’est pas propre à Internet : c’est le cas de tout projet d’envergure qui nécessite de l’investissement. Mais Internet nous a un peu fait croire que l’on pouvait gagner beaucoup d’argent très, très vite. Ce n’est pas le cas maintenant qu’Internet tend à être, économiquement, plus mature…

 

  • La question est plus « peut-on en France trouver suffisamment de traction pour un service « social » qui fasse que l’argent peut être levé dans de bonnes conditions ? »
    J’ai l’impression que c’est là qu’on bloque un peu désormais : avoir des services qui rencontrent leur public, qui lèvent un peu, qui staffent une super équipe… et qui ne parviennent pas à scaler, idéalement à l’international. Sûrement que c’est le signe qu’il faut, pour ces projets, partir à l’étranger pour se connecter aux autres entreprises, et lever plus massivement les tours nécessaires (pour un service B2C, mois de 10 millions de dollars c’est presque rien…). J’aimerais beaucoup entendre les amis Cédric Giorgi (Cookening) et Gilles Poupardin (Whyd) – le premier étant resté en France et le second ayant décidé de lever et de partir aux US – sur ce point-là…

 

Allez, à vous de jouer dans les commentaires, le débat est ouvert !