Doutes et certitudes

Ah ! Ils peuvent se la péter ces entrepreneurs, toujours tout sourire, bien mis, à vendre leur vision à 10 ans d’un projet même pas encore lancé… Ils croient encore pouvoir se faire passer pour des demi-dieux vivants, super sûrs d’eux, comme s’ils avaient un quelconque pouvoir de lire dans l’avenir des trends technologiques et business… En tout cas, l’image d’épinal a bien pris : pour la plupart des gens de la plèbe, l’entrepreneur est un fonceur, mâle (ou femelle, hein, on n’est pas macho ici) dominant(e), leader, visionnaire…

Un entrepreneur, deux personnalités...

La réalité est bien autre. En fait, ce n’est même que là que la moitié de la vérité. Mais c’est une vérité quand même : la plupart des entrepreneurs qui réussissent sont extravertis, aiment parler, ont un égo bien proportionné, se pâment dès la première caméra dans leur champ de vision, sautent sur le micro s’il y en a un, et dégainent leurs cartes de visite en moins de deux.

Il faut dire, aussi, que cela les aide, ces entrepreneurs, à faire un métier exigeant et difficile. Pour espérer convaincre des collaborateurs (rappel : la startup paie mal, fait travailler beaucoup, remercie peu, n’est pas cadrée, et ne permet pas de se vanter ensuite sur son CV), lever des fonds, faire sourire un banquier ou gagner un concours ou des subventions, il faut bien un peu « envoyer du pâté » ou faire rêver les autres.

Cependant, cela ne suffit pas, en les gros-bourrins-qu’ont-pas-d’oreille-et-qui-sont-trop-sûrs-d’eux ne font en général que s’écraser un jour sur le mur de leurs certitudes, comme lesmouches sur le pare-brise de ma Yaris, sans même comprendre ce qui vient de leur arriver.

En vrai, donc, les entrepreneurs doutent énormément. Tout le temps. Comme une grande impression de vertige intérieur qui fait se dire à soi-même : « mon Dieu, mais dans quoi me suis-je embarqué ? comment vais-je m’en sortir ? ». Et d’ailleurs, on doute aussi sur tout. La moindre petite décision devient presque douloureuse, bloquant l’action, renforçant l’angoisse d’être seul aux commandes.

Et puis on se remet dans la todolist, on a une bonne (ou une mauvaise – c’est plus fréquent) nouvelle, on voit d’autres entrepreneurs très sûrs d’eux en public qui se prennent pas mal de baffe aussi, et quand tombent les masques, on se rend compte qu’on est tous pris de doutes. Et qu’on ne ferait pas un autre métier, de toute façon. Et qu’on se marre bien à le faire, et que l’adrénaline du saut dans le vide vaut tous les moments de vertige qu’on peu connaître. Ce sont les deux faces de la même pièce, en somme…

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  1. Ouf! Content de savoir que les doutes, les blocages, les réveils à 2 heures du mat pourtant crevé… ne sont pas que pour ma pomme!
    Bon courage à tous les entrepreneurs, qu’ils s’écrasent ou s’envolent! :)

  2. Comme tout cela est bien vrai. Me voici rassuré…;)

  3. Et oui, derrière le masque, la réalité.

    L’entrepreneur se doit de se montrer fort, confiant, sûr de lui… Ses clients, partenaires et soutiens n’en attendent pas moins.
    Et pourtant l’envers du décor est bien là, et en chaque entrepreneur se cache inquiétudes, doutes et questionnements. Et pourtant ils avancent, et ils continuent de montrer ce qu’on attends d’eux et de cacher le reste.
    Un entrepreneur qui ne ressent pas ces deux facettes, et cette difficulté à faire toujours bonne mine n’en est pas un. Ou alors il est incroyablement chanceux ! Mais c’est ce qui nous fait nous battre, nous motive et motive les autres. Et au fond de nous, nous adorons ce jeu, fait de nombreux « bas » qui rendent ces quelques « hauts » si grisants et si dynamisants !

  4. Douter dans ses prises de décision et choix me parait inévitable. Ensuite il faut passer outre et assumer.

    Tous les jours je doute mais j’essaie d’en faire un atout, pas évident!

  5. « La moindre petite décision devient presque douloureuse, bloquant l’action, renforçant l’angoisse d’être seul aux commandes. » ça résonne dans ma tête…

    Le but d’un entrepreneur est de faire le moins d’erreur possible car la moindre erreur (qui plus est, celles qui coutent de l’argent) peut nous planter. Alors, oui, c’est douloureux de prendre la plus petite décision… on remet du papier toilette ou pas ? (même ça, c’est dur !)

    A chaque pas du projet, on tremble en pensant à tous les points négatifs et on a peur. Une trouille de tous les diables parce que même si on a les c*** de monter une boite – ou sauter dans le vide sidérale de l’incertitude -, souvent il y a des gens qui comptent sur votre réussite (parents, enfants… amis parfois)… et l’angoisse grimpe sournoisement le long de la colonne vertébrale pour s’insinuer dans le cerveau et vous sortir de vos cauchemars à deux heures du matin.

    Malgré tout ça, pour moi, ma première entreprise a été une merveilleuse aventure. Et même si, au final, elle n’a pas pu survivre, ça ne m’arrêtera pas pour recommencer. j’ai chopé le virus… et attention, il est contagieux ! c’est comme la bonne humeur, ça se transmet dans l’air !

  6. Bonsoir Guilhem,

    Le personnage de double face illustre à merveille ce statut un peu particulier d’entrepreneur.

    Devant le monde, l’assurance et la convivialité est indispensable.

    Par contre, une fois seul(le) devant son business plan ou les factures, l’image n’est plus trop la même.

    L’exemple même de la déconfiture. 😉

    Un autre facteur entre en compte également.
    Lorsqu’on explique notre « métier », cela fait « rêver » beaucoup de monde. (Ceux qui aimerait mais qui font rien)
    La chance devient pour eux l’unique facteur de réussite.

    Et tout notre travail alors?

    Personnellement, lorsqu’on me répond que j’ai de la chance de faire ce que j’ai choisi de faire, cela me blesse. Réduit à de simple joueur de loto.(sans connotation péjorative, je vous l’assure) Comme s’il suffisait de remplir une grille.

    Enfin, il est important d’en parler et tu le fais à merveille. Je te laisse la place, j’ai (aussi) un blog pour ca! 😉

    Cordialement,

  7. Frères d’armes sans se connaître.

  8. Pas tout à fait d’accord avec toi pour une fois Guilhem. Un vrai entrepreneur ne doit pas douter. C’est comme un sportif qui part en finale, s’il doute de pouvoir vaincre, il perdra. Quand on attaque un match, on l’attaque pour gagner et il n’y a pas de place pour le doute.
    Cela n’empêche pas de réfléchir à 2H00 du matin, de mal dormir, etc… mais là c’est le chef d’entreprise qui doit trouver des solutions à tous les problèmes qui se posent tous les jours… Si on se réveille à 2H00 du matin en doutant d’y arriver, il faut passer à autre chose.
    Ce n’est pas le business angel qui parle à cet instant, c’est l’entrepreneur.
    Lancer une boîte, c’est comme faire un match, on se donne à fond et on ne doute pas.

  9. Très bon post, très humain et qui change effectivement de l’habituelle image «terminator » de l’entrepreneur. Je partage tout à fait cette vision.

    J’en viens à me dire que les réels obstacles à la création ne sont pas externes : marché, financements, technique, crise, etc. Tout ça se surmonte. Non le réel obstacle est interne : ce fichu doute qui nous assaille, qui nous coupe dans notre élan, qui engloutit notre énergie. Cette continuelle question qui nous taraude « est-ce que je vais dans la bonne direction ? »

    Après tout on passe peut être trop de temps à faire des études de marché, des analyses, essayer d’appliquer des méthodes rationnelles. Il y a sûrement un moment où il faut se dire « Et puis merde » http://www.youtube.com/watch?v=aY-TEVrn87I et lancer son Risky Business.

  10. Bonsoir Guilhem,
    Tes articles sont toujours aussi justes !
    Et ça fait du bien…

    Moins de faux semblants pour plus de sincérité.

  11. j’ai rigoler tout le long de l’article. Tout ça me rappel quelqu’un xD

  12. Excellent post, je ne le connaissais pas mais j’ai rédigé hier un post qui va dans ce sens: http://carlosdiaz.posterous.com/mash-2-passez-les-entrepreneurs-au-detecteur

    • Hello Carlos,
      Merci de ton passage ici :) Marrant comme les idée et réflexions se rejoignent, indépendamment du lieu, du projet, …

      Bonne continuation pour Kwarter !

  13. bonjour,
    je suis en cours de création, et sincérement, j ai des doutes.
    A première vue, je pense que cela soit normal.
    En tout cas, je lis vos post avec attention.

    merci

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