Faut-il interdire l’elevator pitch ?

L’elevator pitch, ou présentation en 1, 2 voire 3 minutes, semble être devenu la norme dans le petit milieu de l’entrepreneuriat. C’est comme un passage obligé, comme l’était le fabuleux powerpoint des années 98-2000. Tout le monde s’y met donc, encense cette pratique tout droit venu des USA. Il est vrai que chez nous les VC ont plutôt tendance à prendre leurs bureaux au 5ème étage des immeubles haussmaniens, la longueur des trajets en ascenseur s’en ressentant…

Tout le monde pitche, donc. D’ailleurs, j’ai bien suivi le mouvement avec des articles sur l’elevator pitch assez récurrents il y a quelque temps. Et pourtant, on peut se demander s’il ne faudrait pas interdire cette pratique malsaine…

  • La qualité de la forme masque celle du fond. Ce sont donc les meilleurs comédiens / communicants / beaux parleurs… qui remportent la mise à tous les coups. Au final, on donne une prime à ceux qui disent, pas forcément à ceux qui font.

 

  • C’est bien trop stéréotypé ! Quelle frustration d’amener quelqu’un à crystaliser son projet en 1 minute, surtout lorsque, in fine, tout le monde utilise la même structure pour ces sacro-saintes 60 secondes. Vous allez me dire : c’est le principe ! Oui, mais surtout, le principe, c’est pour l’entrepreneur d’arriver à mettre le pied dans la porte, et pour la personne qui écoute le pitch de savoir si elle a intérêt à donner suite à la relation. Rien là-dedans n’empêche un peu d’humanité ou d’originalité !

 

  • Ce n’est pas efficace… Si l’on demande des pitchs, c’est bien dans un souci d’efficacité et de rentabilité : voir le plus de projets dans le moins de temps pour optimiser le rendement de l’heure passée. Pourtant, on commet bien plus d’erreurs aussi, en s’obligeant à prendre une décision très rapide, trop peut-être.

 

  • Cela augmente le bruit. Finalement, 60 secondes ce n’est rien. D’où la tentation de servir et resservir sans cesse son pitch à qui veut l’entendre, sans se soucier de à qui on le dit et pourquoi. Du coup, beaucoup de pitchs sont « à côté de la plaque » ou trop « industriels » pour vraiment toucher leur cible. Et les oreilles de ceux qui les entendent ont tendance à progressivement se boucher (voire à saigner).

Et vous, vous en pensez quoi ?

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  1. « Pensez mantra (trois mots) et non déclaration de mission (trente mots). Pensez que le temps est la denrée importante, et non l’argent. Si vous ne pouvez pas susciter l’intérêt en trente secondes, vous aurez une carrière longue et ennuyeuse. » Guy Kawasaki, La réalité de l’entrepreneuriat aux Editions Diateino (traduction Marylène Delbourg-Delphis).

  2. Il me semble indispensable de maitriser son elevator pitch en particulier lors de réunions d’entrepreneurs: business meeting. L’objectif de telles rencontres est de présenter son offre (j’offre au marché et je vous offre à vous qui m’écoutez) ainsi que ses besoins à de futurs prescripteurs, voire clients.
    Bien entendu cette phase n’est que la première partie, il est indispensable qu’elle soit suivie, si des intéractions sont trouvées, par des échanges plus profonds. Mais c’est cette présentation courte qui permet d’aller plus loin.
    Je fuis personnellement les individus qui présentent leur « projet » en se parlant à eux-même pendant 5 minutes s’en essayer d’éveiller la curiosité de l’auditoire. Le vrai conseil à leur donner est effectivement de lire le livre mentionné par Dominique Gibert.

  3. Il me semble indispensable de connaître les personnes qui vous écoutent : un marketing ciblé est nécessaire, même en 60 secondes chrono. Au minimum, armez-vous de plusieurs versions de pitch adaptées au profil de chacun de vos interlocuteurs : cela sera moins roboratif et aussi moins ennuyeux ou alors soyez spontané et présentez-vous de façon impromptue, originale et pourquoi pas humoristique ?…

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