Cela fait bien quelques temps que je n’ai pas parlé du statut de l’autoentrepreneur, que j’ai pourtant couvert à de nombreuses reprises déjà. C’est vrai que passé l’effet d’annonce, tout le monde attend de voir ce qui va se passer de ce côté là.
Et il faut dire que les premiers chiffres (ressentis avec douleur lors du salon des entrepreneurs dans les files d’attentes sans fin) sont sans équivoque… Plus de 90000 auto-entrepreneurs se sont enregistrés en 2 mois et demi. Cela représente 9000 auto-entrepreneurs par semaine, soit 1800 nouveaux créateurs d’auto-activité par jour ouvré. C’est tout bonnement énorme, et la progression ne semble pas vouloir d’arrêter là, l’objectif initial de 200 à 300 000 auto-entrepreneurs la première année ayant été officieusement revu à la hausse.
Au-delà de ces chiffres, il manque tout de même quelques critères qualitatifs, et personne ne sait réellement quelle est la part d’activités réellement nouvelles générées par la mesure. On peut donc se demander quel est le détail de ces 90000 auto-entreprises : des chômeurs ? de la légalisation d’activité au noir ? des activités de cyber-marchands ? des curieux ? des retraités ou des freelances ? des libéraux ? Ou bien quelques créateurs d’entreprise de croissance qui commencent par cela pour tester leur concept ?
Et c’est ainsi que repart aussitôt à la hausse le nombre de créations d’entreprises. En janvier, et après plusieurs mois de trend négatif, on a donc eu 34000 créations. Le graphique suivant, piqué sur NetEco, le montre très clairement :
L’INSEE explique ce bond de 40% par l’effet « auto-entrepreneur », puisque ceux-ci sont désormais comptés dans la statistique.
D’où les questions suivantes, auxquelles je veux bien que vous m’aidiez à répondre :
- combien y a-t’il d’entreprises « normales » encore créées ?
- quel est l’effet d’éviction de l’auto-entrepreneur sur les créations d’entreprises au format « ancien » ?
- faut-il vraiment rentrer dans l’indicateur les auto-entrepreneurs ?
A vous !
[PS : pour ceux qui ne connaissent pas le concept de longue traîne, je vous recommande la lecture de cet article wikipedia]
14 mars 2009 at 19:21
Je ne peux répondre à ces interrogation, en revanche je me pose une question supplémentaire : Quel pourcentage d’autoentreprise va déchanter dans les mois à venir, et surtout comment sera-t-il possible d’analyser ça ?
16 mars 2009 at 9:53
On assiste à une légère diminution des créations « normales » du à l’effet auto-entrepreneur. Beaucoup de personnes, lancées sur la création de petites structures, ont préféré créer en auto. En revanche, des chiffres plus précis sur l’effet d’éviction ne se sont pas encore publiés (à fin mars 09). Mais, compte tenu de l’importance des déclarations en auto, une distinction devrait être mise en place entre auto et format classique.
Il ne faut oublier que dans la somme totale des auto, il y a création bien sûr, mais aussi déclaration d’une activité qui existait déjà officiellement vers ce nouveau format (ex : SARL vers auto), et aussi déclaration d’une activité anciennement au noir.
Enfin, et pour répondre à Maxime, on constate que certain nouveaux auto (je prends en compte uniquement les créateurs dans ce cas précis) font de grosses erreurs commerciales et n’accordent que peu d’importance à une nouvelle clientèle en estimant que leur clientèle qu’ils ont déjà dans leur entourage suffira à rendre leur « entreprise » viable. Ceci étant évidemment rarement le cas, ces personnes n’étant pas accompagnés dans leur création compte tenu du faible investissement, elles risquent de déchanter. C’est une partie assez importante du nombre de création (et non de la totalité des auto, comme précisé dans le paragraphe précédent) qui diminuera avec le temps.
On peut ajouter que la création de ce nouveau régime permet aussi de faire évoluer les mentalités, la culture entrepreneuriale des français (encore trop éloignée de la culture anglo-saxonne) en facilitant l’accès à la création. « En quelques clics j’ai mon entreprise ». Un certain nombre vont grandir, bien qu’elles seront assez peu, les créations dans le nombre total d’auto représenteront une partie non négligeable de création de richesses.