Il y a en tout cas tout un tas de choses qui m’embêtent un peu, chaque jour…
– en tant qu’entrepreneur, difficile de me loger, que ce soit pour être locataire ou devenir propriétaire, et ce même si je gagne correctement ma vie
– si j’accepte de serrer les dents quand je crée, que je mets mes économies et mes ressources dans mon projet – sans parler de mon temps – faire les premières embauches (ce qui est probablement la chose la plus structurante pour une jeune boite) se révèle affreusement coûteux, difficile d’accélérer au bon moment, et bien souvent on galère à faire avancer son projet… juste le temps de s’user et de vider son énergie (et ses finances, mais c’est finalement pareil).
– je suis un peu lassé des problématiques de RSI qui ne parvient toujours pas, en 2012, à calculer correctement les charges à payer, qui redresse à tords et à travers, fait vivre les huissiers et la poste en recommandés divers et variés…
– je trouve dommage l’amalgame entre entrepreneur / grand patron / auto-entrepreneur / entrepreneur qui a fait fortune / investisseur… qui fait que même si je fais les choses bien (économiquement, moralement, socialement, humainement) il y a toujours une suspicion un peu malsaine dès que quelque chose commence à marcher (ou, a minima, une sorte de jalousie)
– je déplore le fait que je sois devenu entrepreneur « par accident », et que le système scolaire ne comprenne pas qu’il serait utile d’investir massivement dans l’enseignement économique et entrepreneurial et de créer les conditions pour que chacun puisse, très tôt, porter des projets (ça faciliterait tellement de choses d’avoir une culture économique forte)
– c’est aussi bien compliqué de se loger, en tant que jeune boîte. Pas de bilans clôturés, difficulté à avancer 9 mois de loyer (3 mois de caution, 3 mois d’avance, 3 mois de frais d’agence…), faiblesse de la sous-location d’entreprise, manque de baux précaires. Dommage, je reste seul, et SBF – Sans Bureau Fixe.
– il est désolant que les grands groupes et les administrations ne sachent pas mieux interagir avec des startups, ne serait-ce que pour en devenir les clientes… et ce dans le rythme adéquat.
– je sais aussi – et surtout – que pour rien au monde je n’aimerais faire autre chose (même s’il faut bien avouer qu’il y a de fortes chances que je fasse autre chose un jour ), même si oui, qu’est-ce que c’est dur. Mais qu’est-ce que c’est passionnant. Mais qu’est-ce que c’est dur. Mais… bon vous avez compris.
Alors, je ne sais pas si je suis un #geonpi, je ne me suis d’ailleurs pas prononcé car 1. je n’ai pas eu le temps de lire le PLF et tout ce qui serait nécessaire pour juger par moi-même, 2. ça me dépasse un peu, 3. je reste persuadé qu’il y a de belles choses à faire en France et 4. j’ai bien d’autres choses à gérer aujourd’hui pour faire en sorte que dans 5 ans j’ai besoin d’un fiscaliste pour optimiser ma revente
Pour moi, le point le plus grave reste le blocage des investissements en capital (ce qui est d’ailleurs évoqué parmi mon réseau) : c’est un enjeu majeur et nous commençons (commencions) à avoir vraiment de beaux acteurs en la matière…
A suivre donc !
16 octobre 2012 at 12:57
bon billet, qui change des clichés répétés partout.
Sur les amalgames d’entreprises petites/grandes l’esprit change dans le bon sens et c’est tant mieux.
16 octobre 2012 at 13:07
+1 pour le RSI. Dont la méthode d’envoi de recommandé par Défaut est assez désolante !
16 octobre 2012 at 13:19
Complètement d’accord.
Malheureusement, la direction prise par l’Etat ne risque pas d’améliorer la chose…
16 octobre 2012 at 13:50
Très bon article.
A part la qualité de vie, la France n’a pas beaucoup d’atouts pour attirer les entrepreneurs. Les différentes taxes sur le travail sont les causes de son échec. Employer coûte le double du prix du salaire… D’où la difficulté d’être rentable !
16 octobre 2012 at 13:55
Tant que tu ne ponctues pas tes tweets par Rhou rrrhou, l’honneur est sauf.
Reste à savoir ce qui émergera vraiment à la suite du PLF – la vigilance dont font preuve certains est assez constructive, heureusement, et le partage d’expérience autour de cette affaire fait finalement beaucoup de bien à ceux qui s’y intéressent. Ca, c’est le vrai atout des pigeons
16 octobre 2012 at 15:26
Moi au moins le RSI m’ennuie pas… il ne considère pas que j’existe bien que j’ai été enregistré par le greffe du tribunal de commerce il y a 9 mois et que mon comptable les relance toutes les deux semaines depuis le mois d’avril.
16 octobre 2012 at 15:45
Entièrement d’accord avec toi !!
Quand on sait tous ce que les entrepreneurs apportent à la société au sens large du terme c’est dommage d’être mal vu, que l’état ne nous soutienne pas et que’il n’y ait pas un soupçon de cours sur l’entrepreneuriat à l’école…
16 octobre 2012 at 16:00
Très bel article, je suis en phase avec qui est dit ! (à part le RSI, j’ai choisi de le fuir!!!!)
Entreprendre en France, c’est compliqué, c’est lourd et risqué, il y a tout un tas d’acteurs qui gravitent autour des jeunes pousses (comme des pigeons autour de miettes de pain… sic) et avec lesquels il faut composer… mais ça reste une aventure enrichissante (et je ne parle pas de mon compte en banque)
Bonne journée à tous
16 octobre 2012 at 16:24
Juste pour l’anecdote, tous les points de mon article pourraient être résolus sans réel poids pour les finances publiques (oui, même celui sur l’allègement de charges des premiers salaires… il suffit pour cela d’embaucher des chômeurs, vue l’économie ça ira tout seul
16 octobre 2012 at 17:37
Pas encore de résultats, ni de structure solide et on pense déjà à revendre ? L’entreprise ce n’est pas ça, les edge funds oui.
16 octobre 2012 at 20:43
Tout à fait d’accord ce que tu dis Guilhem.
Avec RSI, j’ajouterai l’URSSAF dans le même panier !
Je ne comprends pas pourquoi en 2012, aucun président de la république, 1er ministre, ministre n’ont réalisé une grande réforme de tout le circuit entrepreneurial français (de l’auto-entrepreneur à la PME) avec un seul objectif : facilité la vie de l’entrepreneur en simplifiant toutes les démarches de A à Z (création, statut, organismes, impôts, emploi, etc.). Ils ont tout à y gagner : + d’emploi, + d’impôt, + de croissance…
Ce qui me fait peur, c’est que même un parti politique comme l’UMP, ayant une sensibilité plus proche des entrepreneurs au sens large du terme, ne propose pas dans son programme une réforme d’ampleur à ce sujet. On est mal barré…
16 octobre 2012 at 20:51
D’accord avec ton article, le problème (et le truc idiot) : malheureusement pour bien gérer fiscalement ta revente dans 5 ans, il faut s’en occuper AU DEBUT alors que tu ne sais pas, à ce stade, si ton aventure sera un succès ou un échec ! Comme tu le dis, au début d’une aventure, on a pourtant autre chose à faire ! C’est tout le scandale de ce PLF…
Sans parler de revente, il faut s’occuper, aussi, au début de l’aventure de préparer le terrain pour les investisseurs qui participeraient à une éventuelle levée de fond. Vues les dispositions fiscales qui semblent prises par le gouvernement (je préfère être prudent, ça change tous les jours en ce moment), le blocage des investissements que tu décris risque d’être encore plus grand si les investisseurs ne peuvent pas rentrer (et surtout sortir !) dans de bonnes conditions économiques…
16 octobre 2012 at 23:20
Il semble que #LeGang ait la réponse à toutes les questions et vous apporte bonheur et sérénité.
Un #Gang(ster)
18 octobre 2012 at 16:00
La base de tout est le système scolaire comme tu le soulignes. le système scolaire français est fait dès la maternelle pour noter et apprendre aux gens à régurgiter ce qu’ils ont appris. La sélection ne se fait pas sur l’ imagination mais sur la capacité à restituer.
Cela donne d’excellents cadres pour les grosses structures où l’important est de respecter le process et de vérifier, checker, etc..
Cela ne donne pas des gens qui sont naturellement enclins à risquer et à entreprendre et cela ne donne pas des gens qui dans les administrations ou les grosses boîtes sont dans la même disposition d’esprit mais cela donne d’autres choses de meilleure qualité dans d’autres domaines.
Il n’y a pas non plus à sauter en l’air en hurlant « entreprendre » et « entreprendre » car ça n’est pas la panacée.
Dans le domaine de l’entreprise et de sa création, au nom de quoi le modèle « créer avec l’idée de revendre » serait LE modèle et les geonpi les représentants de l’ensemble des tpe pme ?? Où passe le modèle de la création visant au gain en exploitation sans idée de revente ???
Attention aussi à ne pas confondre « start-up » en « anglo-saxon » et « start-up » en français. Les modèles dont se réclament les geonpi sont loin de ce qu’ils font dans la réalité. Microsoft, Google, ebay and co ont étaient financés en premier par leur activité. Les investisseurs y sont considérés comme des prestataires de service et pas autre chose. Rarement ils décident de la stratégie, d’ une vente ou revente de l’entreprise ou même du modèle de développement (lire le livre In the Plex qui raconte l’aventure Google de l’intérieur est particulièrement explicite à ce sujet).
Par ailleurs Bill Gates, ou Steve Jobs ont interrompu leurs études pour risquer et entreprendre .. ce que font très rarement ceux qui réclament en France.
Comment fonctionne aux USA l’imposition finale qu’est l’héritage ? Etrangement personne n’en parle parmi les pigeons.. Pourtant le système est bcp plus confiscatoire là bas qu’ici.
Et enfin, parmi ces pigeons si tristes, où sont les « réussites » à la google, ebay, microsoft ? Combien de ces start-ups à la française n’ont aucune rentabilité en exploitation et ne vivent que par l’argent des investisseurs qui se les refilent entre eux pour gonfler la bulle ? Combien de systèmes vivent par accointances et amitiés personnelles du « je te tiens tu me tiens par la barbichette » ?
Si le problème du revenu était si central, pourquoi les pigeons ne parlent ils pas de la fiscalité sur les dividendes qui elle n’a presque pas changé ?
L’alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail était une promesse d’hollande ? Les pigeons l’ont découvert seulement en septembre ?
Que proposent les pigeons pour payer la dette ? Prendre aux autres mais surtout pas à eux, c’est à dire exactement ce qu’ils reprochent aux autres corporations ?
Dernière question sans réponse de leur part: combien de ventes d’entreprises seraient touchées par cette loi et cela fait quel % par rapport à l’ensemble des tep pme de France
Allez une ultime question; qui finance l’agence de comm qui met en musique toute cette campagne des pigeons, fait des media training à ceux d’entre eux qui vont à la radio ou à la télé et prépare des dossiers avec comptes complets et autres détails sur les opposants aux pigeons qui sont envoyés aux journalistes ? 😉
23 octobre 2012 at 14:54
Bonjour Guilhem,
merci pour cet article dans lequel nombre d’entre nous doivent se reconnaître.
Ton regard sur le système scolaire est malheureusement bien vrai même si certaines initiatives ont été prises dans le bon sens.
Au début, je voulais juste écrire un commentaire sur ma propre expérience mais c’était tellement long que j’en ai fait un article : http://www.stephane-dessenne.fr/esprit-entreprise-a-ecole/
24 octobre 2012 at 11:43
Je suis bien d’accord pour le RSI (+ URSSAF dans le même sac).
Ils n’ont pas d’ordinateurs assez puissants pour calculer le montant des cotisations sur un bilan déposé en Décembre 2011, avant le mois de Septembre 2012 (sans compter que sur le même appel ils en sont encore à placer des régularisations pour 2010), et quand on les appelle pour vérifier les informations, la personne au téléphone n’a pas le même montant sur son écran que sur mon appel de cotisations.
Par contre le point sur l’immobilier pourrait faire penser que tu en fais des tonnes pour te plaindre et ainsi nuire à la crédibilité du propos général.
Si en effet il est dur d’obtenir la confiance d’un bailleur sans bilan (encore qu’avec un document certifié de mon comptable faisant état de la compta sur les premiers mois, c’est passé) rien ne sert de grossir les chiffre en parlant de 3 mois de caution et 3 mois de frais d’agence.
A moins que tu ne vive pas en France, la loi interdit cela, puisque le montant maximum de la caution est fixée à 1 mois de loyer hors charge, quand aux frais, je ne pense pas que l’agence qui place les frais a 3 mois soit très compétitive face à l’énorme majorité d’entre elles se contentant d’un mois de loyer.
Ou alors tu es Parisien et la malhonnêteté légendaire des agences parisienne continue de passer sous les radars de la loi.
25 octobre 2012 at 21:17
Des idées pour faire une « blague » de ce genre au RSI ?!!
http://sensduclient.blogspot.fr/2011/01/une-bonne-blague-de-client-belge-chez.html
Courage à vous tous, moi j’ai abandonné la partie…
28 octobre 2012 at 18:27
Merci de partager ton point de vue sous l’angle de celui qui galère pour créer sa boite. Ma question reste la meme pourquoi rester en France? Si le but est d’aboutir à l’execution de ta vision? Il me parait fort peu probable que le PS devienne un parti libéral (meme si l’europe aide) Car meme si patron auto entrepreneur grand partron entrepreneur sont différent, il me semble qu’ils sont les potentiels de la France. Je te souhaite de devenir un « grand patron » (terme stupide du Cac40. Mais la france n’en produit plus depuis 40ans, c’est là aussi le plus gros problème : Flexibilité du travail / cout associé à un model Francais très distinct du modèle anglo-saxons (qui à inventé l’entrepreneuriat moderne) Bref je suis juste curieux, pourquoi incorporer en France?
1 février 2013 at 15:43
Je rebondis sur la différenciation entre patron, auto-entrepreneurs, investisseurs, etc.
Il faudrait que nous arrivions à rendre nos entrepreneurs stars plus glamours. Nous manquons cruellement de modèles. Soit leurs noms ne disent rien à personne. Soit leur ego est critiqué. Soit leurs méthodes ne donnent pas du tout envie de les imiter.
Un peu de culture, non pas de la réussite, mais de l’entreprise, nous ferait grand bien.