Sortir du mode bisounours

L’entrepreneur a en général à cœur de créer une ambiance de travail très, très sympa dans son petit chez lui, souvent d’ailleurs par opposition à des modèles d’entreprise plus formalisés, plus ampoulés, plus stricts, par choix au départ très personnel : il est bien comme ça, et pas question de mettre des costards ou de faire trop de reporting (par exemple, suivez mon regard).

Très rapidement, ce mode de « vie » a un gros avantage : les premiers collaborateurs adorent ! Ils n’accepteraient d’ailleurs pas de travailler pour un prix si modique (voir gratuitement), avec des horaires à rallonge, sans trop de visibilité… si ce n’était pour cet espace de liberté et de funkyness volontaire.

S’il est primordial donc de cultiver et d’entretenir cet esprit dans l’entreprise, il faut aussi savoir le faire persister lorsque l’entreprise devient adolescente, et où les mots « prévisions », « reporting », « process », « découpage des tâches » ne sont plus des gros mots.

Sortir du mode bisounours : faire grandir son entreprise !

Devenir adolescent (puis adulte) est un passage que beaucoup d’entrepreneurs n’arrivent pas à bien vivre ou à insuffler à leur jeune société, et c’est bien dommage. Et pourtant, cela fait partie du taf, au même titre que la mise au point de l’offre, que la recherche de clients, ou que la constitution de l’équipe. Arriver à mieux s’organiser, pour exécuter ses plans d’actions, et à se professionnaliser est très certainement une des clés de la réussite d’une entreprise, c’est là que se fait la différence entre les boites qui restent éternellement petite (mais sympa) et celle qui décollent (et dont certaines parviennent à rester très funky !).

Et pour « sortir du mode bisounours », voilà quelques petites pistes d’action et de réflexion, issues d’expériences personnelles (et pendant longtemps je me suis très bien senti avec les bisounours) :

  • que vous le vouliez ou non, vos collaborateurs travaillent pour vous, il faut leur laisser de la liberté certes, mais il FAUT cadrer leur travail et suivre leurs résultats.
  • l’entreprise sera plus efficace avec des processus rôdés et explicites. Il ne faut juste pas tomber dans la surabondance de processus : l’idée est de mieux fonctionner, d’améliorer la qualité de ce que l’on fait, et de libérer du temps à chacun pour développer le business et être encore meilleur.
  • l’entrepreneur doit se persuadé qu’en améliorant son fonctionnement interne, son boulot sera d’autant plus intéressant, que c’est un investissement pour l’avenir.
  • il est très dangereux de se reposer uniquement sur des personnes, car tôt ou tard vos collaborateurs vont vous quitter. Si vous n’avez pas su cristalliser leur expertise pour qu’elle reste dans l’entreprise quand eux en partent (ou évoluent sur autre chose), c’est toute l’entreprise que vous mettez en danger. Et vous ne créez pas de valeur si elle est uniquement dans vos salariés.
  • et mettre des process, du reporting, et toutes les choses « d’adultes » ne signifie pas que l’ambiance va complètement changer. Ça aussi, c’est un process comme un autre et vous pouvez tout à fait organiser la coolitude que vous voulez :)

Qu’en pensez-vous ? Vous ressentez ce besoin de grandir ? Vous l’avez vécu ? Comment ? Ça vous fait peur ? Allez le dire dans les commentaires !

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  1. Salut Guilhem,

    C’est totalement vrai ce que tu racontes. Et je rajouterai un autre point qui peut paraitre super anodin mais qui est un gros probleme pour pas mal de gens (moi y compris et meme en haut de la liste). Apprendre a dire non.
    A part ca, j’adore tous tes posts !

  2. Article très intéressant !
    Merci beaucoup.

  3. Bonjour,
    L’expérience est partagée.
    Entreprendre c’est quelque part avoir des idées… des rêves (informel imaginaire des grands maîtres bisousours). Et de les réalisée de manière professionnelle et économiquement viable (formelles institutions pragmatiques hiérarchiques, bureaucratiques, tactiques … a vous en donner des Tic)

    Les 2 mondes sont nécessaires et l’entrepreneur doit pouvoir gérer les nombreux aller-retour entre les 2.
    Il y aurait en réalité plus de 2 mondes comme l’expliquerait la théorie des grandeurs économique et si on l’applique au contexte de l’entrepreneur, ce dernier sera mené à être mis en contact avec chacun d’entre eux, de manière itérative, aléatoire et parfois simultanée.
    A ce propos, je conseil « les nouvelles approches sociologiques des organisation » Thevenot(http://benjamingrassineau.voila.net/Documents/AmblardBernouxlesnouvellesapprochessociologiquesdesorganisations.pdf)

    A bientôt
    Pour encore plus de partage

  4. Je me demande s’il est vraiment prouvé que le reporting et les process améliorent la performance de l’entreprise. Il doit bien y avoir des études discordantes sur le sujet.

    Dans un cas réél par exemple, un chef de service design industriel (30 personnes) depuis 25 ans me disait qu’un consultant était venu leur faire mettre en place des process cadrés. Tout ces process étaient déjà en place dans le service, mais sans être formalisés. Pourtant tout le monde les connaissaient.

    Le fait de devoir mettre en place des process de consultants a dégradé l’ambiance, la qualité puis probablement la performance du service. Et en prime a infantilisé les salariés.

    N’existe t-il pas une troisième voie ? Le process humain ? Ca reste à inventer non ??

  5. j’avais organisé une ambiance Bisounours quand j’avais mon ancienne entreprise. Du coup je n’en faisais jamais assez pour mes employées. Et il fallait toujours que je dise oui à tout sous peine de problèmes d’ambiance, de ronchonnade et pire, de mauvaise prise en charge des clients. Je me suis toujours dit que je ne recommencerai pas de cette façon.

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