Vivien Poujade est connu comme le loup blanc dans le monde de la création d’entreprise chez les jeunes : étudiant et créateur d’entreprise, il a écrit il y a quelques temps déjà Etudiants : osez créer votre entreprise !
J’ai eu l’occasion de rencontrer Vivien via ce blog et par mail, et cela m’a relancé dans l’idée de parcourir son ouvrage. Et il faut bien avouer que j’en ai été ravi : enfin un bouquin résolument tourné vers les jeunes et vers l’action. Bourré de petits conseils pratiques, ce livre est un vrai guide pratique pour l’étudiant qui se demande si lancer son entreprise est à la hauteur.
On passe donc via plusieurs étapes, avec bien évidemment les classiques (études de marché, business plan) mais aussi des choses plus ciblées : faut-il favoriser son entreprise ou ses études ? Comment se comporter, à peine passés 20 ans, avec des clients, un banquier ?
A noter également les témoignages de quelques jeunes entrepreneurs, peut-être d’ailleurs eut-il fallu varier un peu plus les parcours et les exemples. Vivien témoigne également sur sa propre aventure, Synthes’3D, et au final, malgré le graphisme un peu arride, cela se lit presque comme un journal intime…
Vous pouvez évidemment faire un tour sur la boutique des livres de création d’entreprise pour vous l’approprier d’urgence 😉
Je laisse la parole à Vivien !
Bonjour Vivien. A posteriori, qu’est-ce qui t’a amené à créer ta boite pendant tes études ?
En un mot, une opportunité !
C’est une histoire que j’adore raconter.
J’ai commencé l’infographie 3D à l’âge de 11 ans et faisais des courts-métrages 3D avec mon frère. J’avais lancé, pour le plaisir, un petit site Internet afin de mettre en ligne ma galerie de créations personnelles comme tous les infographistes 3D professionnelles le font.
En première année d’école d’ingénieur aux Arts et Métiers, le 28 décembre 2004 (je m’en rappelle encore car c’est le jour où tout a basculé finalement…) le directeur d’une agence de communication me contacte après être tombé sur ma galerie 3D. Il souhaitait me faire travailler sur un projet 3D. Je lui demande alors comment je peux lui faire ce travail en toute légalité. Il me répond qu’il faut créer une entreprise individuelle pour commencer facilement. Je commence alors en tant qu’infographiste freelance sous le nom commercial SYNTHES’3D. Quelques mois après, aux alentours de Mars 2005, une collaboration exclusive était en train de naître entre cette société et moi. Je me dis alors que si une entreprise me fait travailler, d’autres peuvent être intéressées. Je rentre donc dans une démarche pro-active et développe ma notoriété et mon action commerciale : je transforme mon site Internet en site commercial de vente de prestations de service 3D. Etant donné que ce dernier avait été créé depuis longtemps, il était déjà bien référencé ; ce qui m’a alors permis d’être aussitôt assez visible sur Internet. Les contrats sont donc arrivés progressivement. Je passais alors de plus en plus de temps sur mes contrats professionnels plutôt que de réviser mes cours mais j’ai néanmoins toujours gardé la tête froide en considérant systématiquement mes études comme prioritaires. C’est en voyant le succès croissant de cette première entreprise que je décide alors de créer SYNTHES’3D SARL et de lancer une véritable activité commerciale à plein régime. Je m’oriente alors vers un Master de Management à l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE) d’Aix-en-Provence pour me doter de compétences managériales.
Qu’est-ce qui a été le plus dur au moment de te lancer ?
Il est clair que le plus dur a été la gestion du temps. Gérer ses contrats et ses relations commerciales avec ses clients pendant les cours est indéniablement le plus gros challenge de tout étudiant entrepreneur si ce dernier n’a pas réussi à négocier un aménagement d’emploi du temps avec son école.
De plus, j’étais véritablement producteur et je ne sous-traitais que très peu. L’infographie 3D est une activité qui prend du temps, qui demande de la patience et de la minutie, il était donc fréquent que je restais à travailler jusqu’à 3 ou 4 heures du matin pour bien avancer les projets. Je commençais ensuite les cours le lendemain à 7h45 (heureusement que j’habitais sur place dans la cité universitaire). Pour réussir son entreprise en tant qu’étudiant, il faut être vraiment motivé et faire de ce double travail une passion sans quoi il est vraiment difficile de s’en sortir.
L’infographie 3D nécessite des puissances de calcul non négligeables et beaucoup de matériel informatique coûteux (logiciels et ordinateurs). Compte tenu de mon matériel de novice, il fallait que j’use de subterfuges pour optimiser les performances de ma machine et la gestion des scènes 3D. Le début n’a pas été évident par manque de moyens financiers et de matériel.
Un conseil pour les étudiants qui hésitent entre un boulot plus classique et l’aventure entrepreneuriale ?
Aujourd’hui, je suis parfaitement épanoui dans mon métier d’entrepreneur et de chef d’entreprise. Le fait d’embaucher et d’être à la tête d’une équipe rend le métier d’autant plus palpitant et passionnant. Il faut toujours être conscient de tout ce qui se passe : vérifier la motivation de tout le monde, gérer les relations avec les prospects/clients, trouver des contrats, penser à innover et à se différencier constamment des autres… tous ces aspects de la gestion d’entreprise évite de tomber dans une monotonie souvent représentative des salariats classiques dans lesquels la plupart des gens préfère aller.
Je suis tellement ravi de ce que je vis en ce moment que j’ai atteint la situation où travailler ne me coûte plus rien. Tout cette aventure SYNTHES’3D représente pour moi un jeu en temps réel et je m’y « éclate » jour après jour.
Si je devais donc donner un conseil aux étudiants, je dirai : « lancez-vous et faites-vous plaisir avant tout ». C’est celui que je donne à chaque conférence que je dispense sur le thème de la création d’entreprise lorsque j’interviens dans les écoles. La création d’entreprise en tant qu’étudiant, à moins de se lancer dans une activité très fortement capitalistique, représente peu de gros risques finalement. Il faut simplement considérer ses études comme prioritaires et profiter de cette expérience d’entrepreneur pour engranger de manière accélérée de l’expérience et de la pratique terrain. La création d’entreprise en tant qu’étudiant est pour moi une école dans l’école. On y apprend bien plus de choses et on y apprend du « terrain ». Rien ne vaut un tel apprentissage à mes yeux !