Vive les banques et les banquiers !

Les banques bénéficient aujourd’hui d’une couverture presse assez impressionnante (bon, ok, pas pour de bonnes raisons), montrant bien qu’elles sont au coeur de l’actu. Au vu des sommes mobilisées pour les sauver de la faillite, on se rend bien compte qu’elles semblent aussi être au coeur de l’économie.

Chose étonnante, pourtant, je n’ai jamais entendu aussi peu d’entrepreneurs parler de leur banque. Je ne parle pas de ceux qui ont créé depuis plusieurs années et qui peuvent avoir déjà des encours, des emprunts, des relations abouties (et plus ou moins bonnes) avec leur banquier. Non, je parle de ceux qui se lance dans le business en ce moment, ou qui l’ont fait au cours des 12 derniers mois.

 

Je vais le mettre en gras, en highlight de citation, en gros, souligné, parce que j’aimerais le crier, mais

98% des projets lancés ou à lancer n’envisagent pas d’emprunter de l’argent à une banque !

[échantillon non scientifique, non représentatif, des 30 ou 40 projets que je suis d’assez près, portés essentiellement par des jeunes]

Les rares projets d’ailleurs que j’ai vu aller se confronter à ces messieurs bien sous tout rapport, se sont vus signifier des refus (dont l’un pour 20000 euros d’emprunt, avec 60000 euros d’apport perso et avec nantissement d’un fond de commerce).

Donc deux problèmes révélateurs d’une époque selon moi :

  • Les banquiers ne prêtent plus aux petites entreprises et aux créateurs. Ca, c’est la conséquence directe de leurs conneries, on est bien obligé de faire avec.
  • Les jeunes entrepreneurs « omettent » la banque dans le montage de leur projet. Ils se lancent avec du love money, tiennent un bout de temps, essaient de développer leur produit/service, trouver les premiers clients et éventuellement cherchent des business angels. Mais de financement bancaire, que nenni.

Pour illustrer ce fait, quelques exemples, que l’on ne m’accuse pas de ne pas être clair et concret :

Pas un projet n’a d’encours bancaire dans mes 10 projets incubés.

Dans les 50 executive summaries que j’ai vu ce semestre, de mémoire, peut-être que 2 ou 3 faisaient appel à des financement bancaire

Un de mes amis (que je coache) vient de faire une levée de 400K et a signé des contrats long-terme pour un montant de 200K supplémentaires. Lorsque je lui ai demandé s’il allait demander à son banquier de participer au financement de son développement, il m’a rétorqué « quoi ? la banque ? »

 

Je serais curieux de savoir comment ça se passe chez vous ou autour de vous…

Mais il me semble qu’outre le problème conjoncturel, un autre se profile, plus latent… C’est moi ou je débloque ?

[Photo : Anonymous Account]

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  1. « Chose étonnante … aussi peu d’entrepreneurs parler de leur banque ».

    Pas étonnant, vu le pouvoir énorme qu’elles possèdent en raison de la législation.

    Je m’appelle Mr X, gérant de la Société Y, si je râle sur mon banquier sur la place publique, la loi autorisant celui-ci à résilier mon encours sur un délai de quelques mois, je risque fort de constater rapidement qu’il n’a guère le sens de l’humour.

    Lorsque l’on sait que les tentatives de créer des banques alternatives se sont soldés par un rachat de celles-ci, que de plus, à la suite d’un procès intenté à la banque postale, celle-ci s’est vu contrainte d’augmenter ses frais de forçage à un niveau rédhibitoire par rapport à la concurrence, on a à peu près tout compris.

    Le secteur bancaire est un secteur sans vraie concurrence et son pouvoir discrétionnaire est énorme.

    Mettons nous maintenant dans un cas de figure un peu différent, où le législateur européen ayant compris d’où viennent les problèmes véhiculés par le secteur bancaire, prend les dispositions suivantes :
    1) Il impose que l’activité « Banque de Dépôt » devienne une activité non cumulable avec les autres (Assurance, opérations financières, émission de prêts, etc.).
    2) Il impose que les banques de dépôt n’aient plus le droit d’effectuer de placements avec leurs dépôts.
    3) Il impose la mise en place d’un système d’assurances permettant de couvrir les défauts de paiements des entreprises.
    3) Il impose des règles d’attribution de prêts aux entreprises (A l’image de la protection contre le surendettement des particuliers), pour sécuriser l’activité.
    4) Il impose aux organismes de crédit de prêter aux entreprises, pourvu que les conditions légales soient remplies.

    Ainsi, on obtient les avantages suivants:

    – Lorsqu’un organisme travaillant dans la finance se plante, il fait faillite point à la ligne.
    – Les dépôts ne sont jamais menacés par les crises puisqu’ils résident dans une activité bien distincte
    – L’activité économique est à nouveau financée dans de bonnes conditions, notamment au niveau des petites structures.
    – Certes on paye son compte en banque un peu plus cher (Il faut bien que les banques de dépôt vivent), mais le système est sécurisé.
    – Le secteur de la banque de dépôt redevient concurrentiel.

    En espérant que tout cela se produise un jour ….

    A oui, j’oubliais, étant donné que la crise des subprimes provenait essentiellement du fait que les prêts étaient à taux variable (Variable Rate Subprimes), connaissant par ailleurs l’affaire récente du crédit foncier, le législateur interdit les prêts à taux variables, et l’on aura encore fait un grand pas en avant.

  2. Bien vu cet article.

    Pour parler de notre expérience, nous n’avons pas fait d’emprunt mais le banquier a eu une attitude moralement incorrecte.
    Lors de l’ouverture du compte courant professionnel, il était normal qu’il fasse quelques recherches sur les antécédents de mon associé et moi. Mais il est allé plus loin car il a trouvé l’échec d’une personne de l’entourage et a posé des questions à ce sujet. Nous n’avions pourtant rien à voir avec cela.
    Bref, je comprends les entrepreneurs…

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