Ne plus être « first-time entrepreneur » : piège ou avantage ?

Réflexion et discussion intéressantes hier avec mon ami Sylvain Tillon, compère et alter-ego entrepreneurial de longue date qui officie aujourd’hui chez (entre autres) Sydo, et avec qui j’avais lancé quelques assos et une BD sur la création d’entreprise.

Nous avons tous les deux d’assez grandes similitudes dans notre parcours : prépa, projets en tous genres depuis le lycée, même école de commerce, lancement d’une entreprise au cours de notre seconde année en école, une vraie passion pour la sensibilisation à l’entrepreneuriat. Bon, le but de ce post n’est pas de nous jeter des fleurs, mais cela explique peut-être comment on en est arrivés à parler du sujet qui nous occupe aujourd’hui.

Je me lance dans ce qui est ma 4ème aventure entrepreneuriale, Sylvain également avec Explee. Et tous les deux nous faisions le constat que cela était bien différent de nos premières créations d’entreprise. Je serai ravi d’avoir d’autres éclairages de votre part en commentaires, mais voici plus ou moins les points qui ressortent, à 1000(0000000) lieux de ce qu’on peut lire chez nos copains américains et toutes leurs théories sur « si tu t’es déjà planté c’est trop génial tu réussiras la suivante et les VC t’adoreront et d’ailleurs aussi si t’as réussi avant ». Et donc que l’exercice de se *re*lancer n’est pas si évident que cela, et peut – même lorsque comme Sylvain ou moi on n’a pas une réussite de plusieurs millions derrière nous – se révéler plus un piège qu’autre chose…

Avant - Après : l'entrepreneur change avec le temps et ses créations successives...

Voilà donc un petit retour en quelques points sur ce dont nous avons parlé (ou que j’ai inventé tout seul ensuite, c’est possible aussi ça, je suis sûr que Sylvain viendra faire un tour dans les commentaires pour me corriger), en vieux combattants de l’entrepreneuriat étudiant/jeune :

  • On croit savoir faire. L’avantage d’être passé par là, même si ça n’a pas marché avant, c’est qu’on est un peu moins puceau face à la création d’entreprise elle-même ! Il y a donc une certaine dose de confiance… qui peut se révéler assez dangereuse puisque du coup, on ne se pose pas toujours toutes les questions que l’on devrait et on agit presque par réflexe. L’intuition, c’est bien, l’habitude ça craint.
    C’est d’ailleurs étonnant que les réseaux d’accompagnement que je peux rencontrer me demande systématiquement ce qu’ils peuvent encore m’apporter (surtout que j’ai fait leur métier pendant 3 ans)… alors que c’est peut-être là que l’accompagnement est le plus utile !

 

  • On est attendu au tournant. On devient un Serial-Entrepreneur, le costume devient lourd à porter… Du coup, petit coup de pression supplémentaire. Il faut faire un petit travail sur soi pour prendre le truc à la légère et dégonfler les attendus : oui, il y a des enjeux, mais ça doit rester un jeu !

 

  • On est beaucoup plus impatient. Grosse différence entre la 1ère et la N+1ème fois : on sait à peu près quelles sont les étapes. Et comme quand on connait la suite d’une histoire, on est beaucoup plus impatient à la voir arriver. On joue le match dans sa tête avant, et forcément on est déçu de l’allure quotidienne que le projet peut prendre. Et ce peut être assez destructeur si l’on ne prend pas garde à bien saisir ce qui est incompressible, à bien communiquer auprès de ceux, dans ses équipes, qui vivent là leur première expérience, pour ne pas leur transmettre ce stress de la montre qui tourne.

 

  • On est moins impatient, en même temps. Paradoxalement, si l’on est très impatient pour le court terme et l’opérationnel, on l’est moins sur le long terme. On sait qu’on ne réussit pas une création en 6 mois. Que « l’overnight success », c’est surtout quelques années de travail avant, encore et toujours, en répétant les « basics » et les gammes. Par exemple, je me projette à 8 ans avec mon projet actuel, chose qui m’était tout bonnement impossible il y a quelques années… et qui laisse le temps d’ancrer beaucoup plus de valeur dans la boite !

 

  • On est plus rigide sur la manière de faire. On a un peu (en tout cas moi) tendance à avoir quelques routines et méthodes qui marchent bien, et qu’on veut reproduire. Il suffit juste ensuite de ne pas se planter sur les méthodes choisies, et quand même de rester à l’écoute de son équipe pour trouver les meilleurs modes de fonctionnement sans tomber dans l’autocratie (ou alors, l’assumer et pousser à fond dessus :)

 

  • On a moins froid aux yeux. On vise plus grand, on se fait plus confiance, on prend des décisions plus tranchées, on provoque les choses, on n’a pas peur de parler à des gens « haut » placés, etc. Bref, on est décomplexé et forcément à un moment donné ça sert au projet !

 

  • On a un réseau. Clairement, c’est peut-être le point le plus confortable. Trouver ne serait-ce qu’un comptable ou un expert métier dans mes premières expériences était une vraie tâche. Aujourd’hui, deux mails, un coup de fil, et j’ai accès à de top ressources. Avoir un blog aide pas mal, aussi, mais considérons ce mail comme un « by-product » de mes créations successives, et ça confirme mon point :)

 

  • On est plus vieux. Hé, forcément. Mais ça change quand même pas mal de choses : environnement familial, train de vie, obligations personnelles, sens que l’on veut donner à sa vie, expériences et réseau professionnel, perception par les autres du « bon » âge pour créer… Finalement, je constate juste là, il n’y a pas vraiment de positif ou de négatif ici, c’est juste très différent, même à 5 ans de distance.

 

  • Les motivations changentLa relation à l’argent change. Comme la motivation n’est pas forcément liée à l’argent, j’aurais pu faire deux points ici. Mais quoi qu’il en soit, on n’attend pas les mêmes choses de la création, et on ne crée pas dans les mêmes conditions financières. Je pense que j’ai comme ressources financières aujourd’hui 20 fois ce que j’avais sur ma première création, et que je suis plus à l’aise forcément pour engager du budget sur quelques points pour accélérer le projet.
    En retour, on a un train de vie souvent plus élevé, difficile de faire avec quelques euros par mois à 30 ans pour se loger, se nourrir, suivre les copains au restau, payer des vacances…

 

  • On est plus efficace. Sans conteste, on passe moins d’heures sur des choses qui paraissaient super compliquées à l’époque. Tout va plus vite, mais bizarrement, on passe toujours autant de temps sur son projet.

 

  • On a plus conscience des enjeux humains. On prend très peu soin de penser son association et l’on conçoit beaucoup moins bien la place de l’humain dans la création lorsque l’on crée pour le première fois, ou c’est plus un effort personnel, voir un duel avec son ou ses associés. On perd sûrement un peu en égo (en tout cas vers l’interne) avec le temps, en comprenant que ce n’est pas cela l’essentiel et qu’on est plus fort ensemble. Et surtout que c’est la partie la plus gratifiante du job !

(J’ai bien conscience que ces points ne conviennent pas pour tous les créateurs et s’appliquent plutôt aux « jeunes » entrepreneurs, mais je note d’en refaire un dans une vingtaine d’années).

Et vous ? Qu’en pensez-vous ?

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  1. Perso, je pense que tu sais surtout éviter les pièges et aussi que tu sais t’entourer des personnes qu’il faut pour mener à bien ton projet.

    Je ne sais plus qui disait que ceux qui réussissent sont souvent ceux qui savent s’entourer des bonnes personnes. C’est un peu l’idée que tu laisses entrevoir dans le point réseau je crois.

  2. Et être « first-time » entrepreneur lisant ton article : piège ou avantage ?

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