Je ne crois pas qu’il existe un entrepreneur qui ne se soit dit un jour « tiens, je vais faire des RP ». Que ce soit pour des raisons d’égo, de mimétisme, ou d’intérêt pour l’entreprise en termes de communication ou avant une levée de fonds, les relations presse ont donc la cote. Et pourtant, facile de se planter ou d’être déçu des retombées, si l’on ne se prépare pas bien et qu’on poursuit les mauvais objectifs…
Je partage ici quelques points de réflexion qui me sont venus après l’intervention de Rémy Debrant et Stéphane Harrouch, de l’agence de relation presse Grayling, qui nous ont donné à l’incubateur HEC leurs secrets pour aider les entrepreneurs à faire leurs RP.
1. Posez-vous la question de l’intérêt de faire des relations presse (ou pas) : en retard sur la « vague » de communication, sujet « tendu », grosse actualité ailleurs dans le secteur (voire en dehors), … Quoi qu’il en soit, vous devez pousser de l’info « intéressante » !
2. Comprendre comment les médias fonctionnent : ce sont des entreprises comme les autres, qui vendent des produits (de l’info), qui sont en concurrence, et qui doivent « vendre ». Comprendre aussi comment fonctionne le journaliste (il reçoit énormément d’info, rencontre aussi énormément de monde, et travaille en flux tendu !)
Petit aparte : un journaliste n’est pas expert de son sujet (bien souvent), a des délais très courts, décide rarement seul de ses sujets ou des gens qu’il cite, est sur-sollicité (50 communiqués par jour, plus de 150 mails, 3-5 invitations à des conférences de presse / événements…), et consulte beaucoup ce qui a été déjà écrit.
3. Préparez-vous. Ce n’est pas parce que vous connaissez très bien votre business que cela suffit : travaillez vos objectifs, ce que vous voulez dire, ce que vous ne voulez pas dire (très important ça, à vraiment bosser en amont !), essayez de comprendre quel est l’angle que veut donner le journaliste, quels sont les pièges pour vous, … Et lisez (ou regardez) ce que le journaliste a déjà fait avant, et comprenez la ligne éditorial du journal en question…
4. Soyez un bon client. Les journalistes aiment les gens qui s’adaptent, qui comprennent l’axe que le journaliste veut donner, qui sort « les bonnes phrases » et qui a le look « qui va bien ». Evidemment, il faut cultiver son image et finalement donner envie aux journalistes que ce soit vous qui parliez sur votre sujet de prédilection, plutôt qu’un autre de vos petits camarades.
5. Jouez long terme. N’attendez pas une explosion de votre chiffre d’affaires au moindre article de presse : les relations presse vous permettent, sur le long terme, d’établir une image, de faire rentrer votre marque dans la tête des gens, bref, de faciliter la croissance de votre entreprise sur la durée.
6. Customisez. N’envoyez pas le même communiqué de presse à 200.000 journalistes en un seul coup. Tapez moins large, adaptez le niveau d’info et le ton employé pour qu’il sente que c’est un sujet qu’il peut traiter. Ne pas oublier que pour vous, c’est de la comm’, alors que pour le journaliste c’est de l’info…
7. Maîtrisez votre discours, et restez clair et concret. Sachez quels sont VOS objectifs, quelles infos ne doivent PAS passer, et ne multipliez pas le nombre de messages (maximum 3-4 points abordés, avec exemples, illustrations et anecdotes à l’appui). Et vulgarisez si vous parlez d’un sujet un peu complexe (vous devez évangéliser et rendre « transmettable » votre message). Une bonne pratique : imaginez quel titre vous ferait plaisir et servirait vos intérêts. Cela vous donnera une bonne indication de comment « manipuler » le journaliste pour aller dans ce sens…
8. N’oubliez pas que votre cible, c’est le lecteur, pas le journaliste. Alors certes, il faut réussir à séduire et intéresser le journaliste, mais pas en risquant de transformer le message à tel point qu’il ne remplira plus vos objectifs envers le public visé ! Comprenez donc votre CIBLE, gravez-la dans votre tête, et ne parlez que pour elle.
9. Soyez sympas ! Montrez que c’est vous l’entrepreneur, que c’est plus que du business (il y a une aventure humaine quand même !) Et essayez d’aller un peu au-delà de la simple relation « pro », pour comprendre un peu mieux qui est le journaliste. Vous pourriez bien en avoir besoin dans quelques temps. Mais bon, ça c’est un trait à avoir avec tout le monde autour de vous !
10. Souvenez-vous que vous êtes en concurrence… Avec d’autres sujets, d’autres startups dans votre business, d’autres façons de traiter un sujet… et que les journalistes sont aussi en concurrence les uns avec les autres et que passer chez un peut vous fermer les portes de tous les autres…
11. Pendant une interview… Soyez ponctuel, ressassez vos quelques messages clés, soyez pédagogue, ne dites rien plutôt que de dire des conneries, soyez sympa, drôle, tonique, vivant (portez votre projet, quoi), ne soyez jamais négatif, sachez réfutez ce qui est faux (ne laissez surtout pas de mauvais messages en suspens), résumez à la fin, faites 5 minutes d’informel au départ et taisez-vous aussi de temps en temps. Enfin, n’allez pas trop vite, sinon le journaliste ne pourra pas prendre de notes…
12. Un journaliste vous appelle. Ne répondez pas directement, prenez nom et numéro, ainsi que le sujet qui l’intéresse. Prenez quelques minutes pour vérifier les infos (on ne sait jamais, vos concurrents sont sûrement très malins), et surtout préparer votre discours.
13. Youpi, je passe à la radio/télé ! Demandez avant tout comment ça va se passer. Le jour J, soyez belle / beau (même à la radio, ça s’entend), avec des couleurs de type bleu / gris, et souriez (oui, ça aussi, même à la radio…). Ne craignez pas d’utiliser des phrases ou des mots chocs, il faut attirer/retenir l’attention… puis passer le reste de ses messages. Soyez méga concis.
Et vous, votre 14ème secret des relations presse, c’est quoi ? Foncez le partager dans les commentaires !
5 mai 2011 at 9:18
Billet très sympa et utile. A bookmarker et tweeter 😉
5 mai 2011 at 10:47
Je suis pleinement en phase avec cet article qui résume bien les impératifs du difficile exercice des relations presse.
Reste que pour appliquer ces principes encore faut-il arriver à débusquer ses premiers contacts et c’est là certainement la phase la plus compliquée. En effet pour un entrepreneur, court en ressources (aussi bien financières qu’en temps), il est difficile de décrocher ses premières interviews. Il faut donc savoir taper aux bonnes portes au bon moment. C’est à priori le travaille d’un bon attaché de presse malheureusement souvent absent du budget des start-up en raison des coûts induits.
Organiser une veille des sujets en préparation peut-être ainsi être un bon moyen d’optimiser ses actions et de se « glisser» dans un reportage. Pour cela quelques alertes Google et un site comme Castiz (http://www.Castiz.com) peuvent vous aider.
D’autre part on pourra tenter la méthode « a postériori » à savoir réagir suite à diffusion. On parle de votre sujet sur BFM…dans la demi-heure, rendez vous sur leur site et envoyez un message construit au journaliste pour étayer son sujet. J’ai testé pour vous et ainsi décroché une interviews quelques jours plus tard dans la matinale. L’impact fut majeur sur la fréquentation de notre site. Et bien sûr dans la continuité de cette approche quelques commentaires sur des articles de qualité (comme celui-ci) peuvent là aussi faire valoir votre pertinence sur un sujet.
Une fois le journaliste accroché restera le difficile numéro d’équilibriste entre « vendre son aventure/son projet/sa société», « contenter le journaliste » et « intéresser les lecteurs/auditeurs/téléspectateurs».
Tout est affaire de dosage. Le mot d’ordre : Qui trop embrasse mal étreint
6 mai 2011 at 15:24
N°14 : n’oubliez pas votre fond de teint !
6 mai 2011 at 16:51
Il est également possible de travailler avec un attaché de presse intéressé au résultat, qui saura vous faire profiter de son réseau. N’oublions pas que les RP peuvent être aussi une affaire de copinage!
28 juillet 2015 at 12:42
Absolument pas ! Les attachés de presse ne peuvent pas travailler au résultat, c’est déontologiquement interdit (http://www.infopressecom.org/cms/page/code-de-deontologie-des-attaches-de-presse)
Pour faire décoller les retombées presse pour une entreprise inconnue des journalistes, il faut souvent beaucoup de temps et de travail pour trouver le bon angle, contacter et recontacter les journalistes pour leur trouver le bon angle pour leur article et la place dans leur calendrier rédactionnel, et ce travail ne peut pas se faire sans être payer.
En revanche, un attaché de presse, notamment les freelances qui ont plus de latitude que les agences, peuvent adapter leurs prix pour un client dont le sujet/produit leur paraît prometteur.
8 mai 2011 at 20:10
En lien avec ce que dis Pierre : innov24 peut être un autre site intéressant d’information à suivre (plus pour les boîtes innovantes).
Mais billets juste essentiels pour les startups qui commencent à se frotter à la presse!
23 juin 2011 at 19:28
Billet intéressant et très vivant Bravo
Une réflexion néanmoins en réponse au commentaire de Rémi V…
Un attaché de presse ne doit pas (et/ou ne peut pas) être intéressé aux résultats, c’est anti-deontologique. Les relations presse, tout comme les relations publiques (ou publics, le débat existe ) sont régies par le Code d’Athènes et le Code de Lisbonne, qui interdissent aux PR d’être rémunérés aux résultats.
Dans les relations presse, nous avons une obligation de moyens, mais pas de résultat, ce qui d’ailleurs est en étroit lien avec la liberté de la presse et du journaliste de traiter ou pas d’un sujet.
Nous ne pourrions pas, en tant qu’attaché de presse, être des défenseurs de la liberté de la presse et travailler dans l’univers des médias et de l’infos si nous ne respections pas cette éthique de la profession.
21 mai 2013 at 14:52
Bonjour,
En effet, je vis aux côtés d’un chef de rédaction et je confirme que les journalistes sont des êtres surbookés, sans horaire dont le smartphone buzze toute la nuit.
Le journaliste vit sous la contrainte de l’information et de la ligne éditioriale de son media, donc, même s’il apprécie ce que vous faites, là n’est pas la question. Par ailleurs, tout dépend dans quelle rédaction il opère … et à quel niveau (il y a journaliste et journaliste), en tout état de cause, il ne décidera jamais seul !
Oui, il faut donc parfaitement cibler.
N°14 : Gardez en tête que le bon journaliste ne fait pas de com, il fait DU journalisme : il informe !
N°15 : Les journalistes ont des blogs et les blogs sont aussi d’excellents outils de visibilité. Un bon article de blog peut avoir le même effet, sinon meilleur qu’un article de Presse.
Tout est question de stratégie et de positionnement !
Merci pour ce bel article.
23 mai 2013 at 10:43
Merci pour ce billet !
Nous avons été, en tant qu’agence de communication, sollicité par certains de nos clients pour obtenir des articles sur leur société, produits ou innovations…ma conclusion est la suivante: Faites appel à des agences spécialisées ou des attachés de presse!
Pour obtenir des papiers, il faut connaître les personnes qui les écrivent, et au delà de l’intérêt propre à l’information diffusée, il y a aussi un facteur humain qui intervient…
Je rejoins la remarque de Rémi V….