(oui, le titre ne veut rien dire, mais on parle de 2.0 ici ou pas ?)…

Je me rends compte que de plus en plus, quand on sort un nouveau produit sur le Net (entendez un service, donc), on en parle de plus en plus tôt. Pour certains, ça se limite à peu de choses, genre annoncer que bientôt son site sur un sujet précis est en ligne, avec la fameuse page « coming soon » et son gif animé du mec de chantier qui creuse avec un triangle jaune dans le fond, la classe quoi.

Pour d’autres, c’est beaucoup plus évolué. Le teasing, ça se travaille, c’est presque une science, en tout cas ce sont de vrais spécialistes qui en ont parlé et ont étudié le phénomène. Dans les cercles d’initiés, ça s’appelle le « Gartner Hype Cycle« . En gros, toute innovation technique va suivre une courbe comme celle de ci-dessous, qui croise visibilité et temps. En gros, il va y avoir un pic de visibilité puis un désenchantement avant de retrouver une croissance plus correcte et logique.

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5 périodes ont été identifiées :

  1. Le déclic technologique
    C’est la première phase du Hype Cycle. C’est la sortie de la technologie, du service ou du produit, qui génère tout un tas de retombées presse ou web. Le but est de faire parler de soi. C’est très souvent le lancement d’une version alpha ou bêta. Le but du jeu ici, c’est de créer des frustrations en ne disant pas tout, en n’invitant pas tout le monde, en gardant juste les happy-few (si possible ceux qui parlent le plus sur le Web), et commencer à rendre tout ça viral (les invités peuvent inviter quelqu’un)… Certains sont passés maîtres en la matière : Apple avec l’iPhone, Loïc le Meur avec Seesmic notamment. D’autres restent aussi dans cette phase-là indéfiniment (ou presque) et on les oublie un peu et on zappe pour un autre hype (et le hype se suffit alors à lui-même, c’est le hype qui devient hype) !
  2. Le pic de la bulle d’attentes gonflée artificiellement
    Généralement, la frénésie de publicité (par ceux qui ont testé le service comme ceux qui en parlent pour ne pas passer pour des largués) a généré de grandes attentes. Le hype est « chaud », les attentes sont là. C’est là que commencent les problèmes en général, car les attentes sont beaucoup trop élevées (du fait aussi du secret) par rapport à ce que va être le produit / service (par exemple pensez à un spectacle qu’on vous a vraiment vanté, qui a eu très bonne presse, avec un gros marketing, vous vous êtes battu pour avoir les places… et patatra… c’est pas bien…). 90% des services innovants déçoivent, en moyenne. C’est aussi ici qu’il faut faire un premier, voire un deuxième, tour de table : on fait rêver !
  3. La cuvette de désillusion
    C’est en gros ici que terminent tout un tas de services, on pourrait appeler cela aussi le cimetières des idées, car au-delà d’une première version, il n’y a guère d’avenir possible. Pour vous marrer, vous pouvez en trouver plein ici (ils ne vont pas tarder à y arriver, et ils sont très, très nombreux) et (ils y sont déjà arrivés, eux, RIP…). En gros, si on n’en parle plus, ils n’atteindront pas la taille critique. De toute manière, trop tard pour lever de l’argent, il faut faire avec ce qu’on a pu trouver avant.
  4. La courbe de sensibilisation
    Certains projets réussissent cependant à passer l’hiver, et entrent dans une croissance plus raisonnable, où visibilité et croissance économique (genre gagner des pépettes, ou également, en lever encore mais cette fois en prouvant une certaine rentabilité et capacité de développement) semblent plus alignées. Les utilisateurs vont peu à peu faire entrer la technologie ou le service dans leurs habitudes comportementales.
  5. Le plateau de productivité
    Cette dernière étape, c’est le graal de l’entrepreneur. Une fois qu’un service y est, c’est comme en randonnée pédestre, tout n’est qu’une promenade de santé (ou presque) : l’intérêt de l’entreprise est largement prouvé, la technologie acceptée et ancrée dans son écosystème, les clients récurrents et fidèles, … Côté technologique, on voit arriver une deuxième puis une troisième génération (exemple à grande échelle, les téléphone portables). La hauteur du plateau dépend de la taille du marché et de l’intensité concurrentielle. Pour certains, le plateau peut se partager, pour d’autres, seul un standard peut exister…

Pour terminer sur une illustration, le graphique suivant nous montre l’état des techonologies / concepts du 2.0 sur la courbe, en fonction de la zone dans laquelle ils se trouvent. Je trouve cela très finement analysé, et l’introduction de la durée prévue du cycle complet ajoute à l’intérêt de la chose…

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On comprend ainsi bien que :

  • le web 2.0 est au plus haut de la bulle, ça risque de faire mal chez certains Venture Capitalists…
  • La RFID devrait percer (ou disparaître) d’ici 2 ans
  • La VOIP s’est imposée (c’est indéniable)
  • L’Ajax et l’Ajax Offline disposent de la même visibilité, mais sont chacun d’un côté de la cloche… La technologie semble validée, mais pas son usage et business model…
  • Le paiement par mobile est au creux de la vague. On en avait entendu pas mal parlé il y a quelques temps, on avait presque oublié tout cela !
  • Le corporate blogging aussi…

Et puis quitte à participer au hype moi aussi, faites un tour chez comresto, ça va vite monter dans la cloche 😉

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