Quelques « lessons learned » sur les startups en mode no-bullshit

J’été invité hier par 50Partners à venir papoter une petite heure autour de mon retour d’expérience sur mes tentatives de montage de startups et de ce que j’ai pu voir parmi celles que j’ai accompagnées ou dans lesquelles j’ai investi / pris quelques parts.

Je me suis donc prêté à l’exercice en mode « no bullshit » et en essayant à chaque fois d’étayer le point abordé sur :

1. une expérience / une anecdote
2. un ou deux trucs très pratiques qui en découlent au quotidien pour moi

 

(entre parenthèses le numéro du slide dans la présentation)
S’associer et s’entourer (#4)
Alalalah, l’association. Je n’ai pas eu que de bonnes expériences – mais pas que des mauvaises non plus – et je sais que toutes les bonnes équipes qui fonctionnaient bien que j’ai croisées ont réussi. C’est donc sûrement le truc le plus important à réussir – et le plus compliqué aussi…
–> Sur l’association : observer une méthode pour se connaître mieux et se tester (le fameux Minimum Viable Team par exemple). Ecrire noir sur blanc les engagements de chacun et les cas de « divorce » avec un pacte d’actionnaires ou d’associés.
Garder des temps pour (re)communiquer entre associé, se dire les choses, se parler tout simplement. La communication, c’est 90% de la réussite d’une association.
Sur l’entourage : trouver des mentors pour la boite (par exemple avec un advisory board) et à titre perso (pas les mêmes, d’ailleurs).
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Être dans le bon timing (#5)
Je pense qu’à partir du moment où l’on se lance, on a 18 mois de compte à rebours avant de taper le mur. Il faudra qu’à cette date il se soit passé « un vrai truc » dans votre boite pour que cela ait une chance de continuer : break-even, levée de fonds, produit avec une grosse traction… bref quelque chose qui redonne du carburant à tout le monde dans l’équipe…
–> Courir vite :) et courir après les bons lièvres !
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Savoir gérer son plan d’actions (#6)
Si tout est une question de timing, il est donc nécessaire d’être ultra focus sur les actions qui comptent. Il est du coup nécessaire de revoir régulièrement son plan d’actions, avec des échéances courtes, et de se fixer des objectifs chiffrés très précis pour savoir si on est dans la bonne voie. Et de bien comprendre qu’il ne faut pas chercher à être parfait… « Done is better than perfect » !
–> Travailler par objectifs court terme, essayer de trouver ses petits rituels et process pour être le plus efficace possible, se focuser un maximum sur l’exécution plutôt que dans la réflexion autour d’un business plan…
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Être suffisamment Lean – mais pas trop (#7)
J’en ai déjà parlé ici, mais s’il est bon d’être agile, de sortir très vite un premier produit MVP, de faire du Customer Development, d’itérer… il ne faut pas tomber dans un suivi trop strict du process…
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Ne pas être trop amoureux de ses idées (#8)
Parfois, il faut savoir abandonner la belle idée sur laquelle on est partie pour revenir aux réalités business, ne pas s’arc-bouter sur ce que l’on a pitché à tous ses proches quand on a sauté dans le grand bain… mais être « tactique » pour aller là où le business est. Et parler autour de vous le plus tôt possible de votre idée pour essayer qu’on vous la démonte !
–> Arriver à faire la différence entre les auto-justifications de « pourquoi perdurer dans une voie sans issue » et les faits, les métrics, les avis clients, …
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L’argent compte (#9)
Dans le web aujourd’hui, on est dans une situation paradoxale : il n’a jamais été aussi simple et aussi peu coûteux de se lancer. Mais en même temps c’est de plus en plus cher d’arriver à se développer, et « devenir grand » nécessite l’emploi de beaucoup de capitaux, que ce soit pour les RH ou en dépenses marketing.
–> Se lancer avec l’esprit Bootstraping et essayer coûte que coûte de trouver un « morceau » de business-model qui permette de survivre quelques temps grâce à des clients… mais comprendre qu’il faudra sûrement lever. Et donc apprendre à cultiver très tôt sa relation à des investisseurs potentiels. On ne lève pas d’argent lorsque l’on est déjà au panneau « plus de sous en banque » – cela s’anticipe
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Développer une vision (#10)
Probablement le truc le plus compliqué à expliquer et que j’ai mis le plus de temps à comprendre et à travailler : savoir être très bon dans l’opérationnel, certes, mais aussi arriver à voir à long terme, à développer une vision (un mix de tendances long-terme, d’études de marché, de retours clients et terrain, de certitudes « gut feeling », …) et à en tirer des décisions pour le court terme.
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Savoir mettre le bon curseur dans tout ce qui est RP – relations presse (#11)
On a vite tendance à penser que son projet, surtout B2C, a besoin de la presse. Et qu’il faut absolument être partout partout, voire à se retrouver un peu drogué par le jeu des RP. Il vaut mieux, pour réussir sur le long terme, être sniper que d’arroser au gros calibre dans tous les sens !
–> Au lancement de son projet, lister les 5 parutions dans lesquelles on rêve d’être (pour son projet / sujet, pas pour montrer sa bobine !). Se refuser à prendre une agence de relations presse pendant au moins les 18 premiers mois du projet. Ne surtout pas croire que l’intégralité de vos utilisateurs / clients viendra de là : au mieux s’attendre à ce que cela prépare le terrain sur le long terme et, qu’après tout, ce n’est « que » de la visibilité, pas des client… Mais si vous vous lancez, voilà quelques conseils pour réussir ses relations presse !
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Savoir à quoi on carbure (#12)
Connaître ses propres moteurs, ce qui nous fait lever le matin, est crucial pour garder la foi et éviter de partir dans une mauvaise direction, de se faire tirer par son projet vers une situation dans laquelle on n’a plus de motivation…
–> Faire l’exercice de trouver ses 3 moteurs (et les partager entre associés, le cas échéant). Par exemple, pour moi, c’est « Apprendre, Innover de manière out-of-the-box, et m’amuser au quotidien ».
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S’attendre à des hauts et des bas (le fameux roller-coaster entrepreneurial) (#13)
Parfois au cours d’une seule et même journée, il peut arriver d’être alternativement euphorique puis totalement déprimé par rapport à son projet. Cela se retrouve aussi sur des périodes plus longues, où l’on rencontre des phases vraiment pourries où l’on est à deux doigts de tirer la prise.
–> S’entourer de personnes qui comptent et leur accorder du temps, faire du sport, passer au moins quelques heures par semaine à faire autre chose pour s’équilibrer et se vider la tête, parler des mauvaises passes à d’autres entrepreneurs, avec qui on n’a pas besoin « d’avoir le masque all-bright all-good ».
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Voilà !
Que rajouteriez-vous ?

3

  1. Ne pas négliger les aspects de propriété intellectuelle : protéger sa marque, ses créations, réserver un nom de domaine etc

  2. Hello guilhem, je rajouterais :

    – provoquer la chance, les rencontres, les opportunités même/ surtout en phase down
    – se mettre en mode auto sur les tâches a faible valeur ajoutée : et pour completer ton #6 ecrire des procedures pour un max de choses pour ne pas tergiverser quand on est cuit, deleguer/soustraiter si possible
    – quid de l’importance des kpi ?

  3. Salut Guilhem,

    Je suis tombee sur ton blog par hasard. Et je suis contente pour la decouverte! Je suis a New York et en train de trouver des associes pour mon startup en mTech. Je voudrais just dire que t’as acquis un plus « follower », en plus a New York.
    PS. je suis Anglophone et donc excusez mon franglais…
    Bonne journee,
    MM

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