Minimum Viable Competition

Si vous me suivez régulièrement ici, vous avez dû noter que l’expression « Minimum Viable … » revenait : d’abord avec le MVP, Minimum Viable Product, tout droit sorti de la théorie de la Lean Startup (ou plutôt que théorie, ensemble de pratiques issues de l’analyse de dizaines de trajectoires de startup), puis plus récemment avec un papier sur l’excellent travail de Franck Nouyrigat, co-fondateur des Startup Weekends, sur le principe de la Minimum Viable Team, qui nous aide à comprendre comment « se maquer » avec quelqu’un au moment de s’associer.

J’y vais aujourd’hui de ma contribution à cette liste de « Minimum-Viable-Quelque-Chose », avec un point assez important pour tous ceux qui se lancent dans un nouveau projet : la concurrence. Et donc, avec un concept assez simple de Minimum Viable Competition. En effet, pour tout site ou service mobile (mais on pourrait étendre le concept finalement à tout autre business), l’une des premières questions qu’on l’on va vous poser (ou qu’il faut se poser) est celle de « Qui fait déjà ce que vous faites » ?

Pour les startups, cette question est aussi (et surtout) là pour savoir si vous prêchez seul dans le désert, et si par hasard il n’y a pas un américain ayant déjà un peu levé de l’argent pour valider votre approche et rassurer l’investisseur potentiel. Sans oublier que la concurrence, c’est bien, car cela vous montre la route à suivre en vous donnant quelques modèles. En « reverse-engineerant » ce qu’ils font (on ne font pas, ou plus), il est possible d’en apprendre beaucoup sur ce qui marche ou pas, et de gagner beaucoup de temps, en reproduisant certains « morceaux », et en se concentrant à innover sur les parties où l’on souhaite se différencier.

Trouver sa « Minimum Viable Competition« ,  c’est donc arriver à trouver qui est son principal adversaire… et donc pouvoir rapidement positionner son propre projet par rapport à lui aux yeux de vos interlocuteurs, ce qui leur permettra de mieux comprendre ce que vous faites…

D’où cette recherche de « Minimum Viable Competition« . Mais attention, cela ne se réduit pas à trouver quelqu’un qui fait exactement comme vous ! Non, il faut essayer d’embrasser au maximum TOUS les types de concurrents qui peuvent exister. Et devenir ainsi beaucoup plus pertinent dans votre connaissance de vos clients / utilisateurs potentiels et de leur manière de résoudre leurs besoins… On peut approcher sa Minimum Viable Competition de cette manière :

(pour chaque type de concurrence, je vous donne un exemple tiré de ma première boite dans les cours particuliers. L’idée ici est de trouver quelle est la concurrence face au besoin, pour des parents, de faire en sorte que leur enfant ait de meilleurs résultats scolaires – du point de vue d’une agence de cours particuliers)

 

  • Délai : face à un problème ou un besoin, il est toujours possible de ne rien faire. Soit que le problème n’est pas assez fort pour nécessiter l’envie pressante de le résoudre, soit que d’autres priorités prennent le pas, soit que les solutions existantes ne soient économiquement pas viable pour le segment de clientèle concerné… S’il s’avère que votre principal concurrent est le délai, c’est que vous êtes encore trop perçu comme une « feature », et « nice-to-have ».
    Exemple : Ce n’est que le premier trimestre… on va râler un bon coup, supprimer les sorties ou l’argent de poche ou la télé, et ça ira mieux au second trimestre…

 

  • Do It Yourself : ici le concurrent n’est pas une offre commerciale, mais tous les stratagèmes que votre cible peut utiliser pour résoudre par elle-même son problème. La débrouille ou le temps passé « en manuel » est ici en général la solution prisée par ceux que vous souhaitez convaincre. C’est aussi un super point de départ pour construire une offre et la marketer : « jusqu’à présent, il n’existe pas d’outil pour… alors que le besoin est là ».
    Exemple : Tous les soirs, le père va se coller à surveiller les devoirs et faire un gros effort sur les maths, même si du coup les relations se trouvent être beaucoup plus conflictuelles…

 

  • Good Enough : vos utilisateurs en puissance ont trouvé une solution « non adéquate à 100% » mais qui fait le job suffisamment bien, même si celle-ci n’est pas idéale : produit fait pour autre chose mais qui une fois détourné peut être adapté pour combler le besoin.
    Exemple : Le fils du voisin, qui est en terminale, va donner un coup de main quelques soirs dans la semaine, il n’est pas prof mais il est passé par là il y a quelques années, il est plutôt bon élève, et au moins ce n’est pas l’un des deux parents, ça devrait alléger les relations !

 

  • Produits de substitution & concurrents « indirects » : vos prospects résolvent leur problème avec une offre (commerciale) qui n’est pas directement concurrente à la vôtre, mais qui une fois choisis ne sont pas vraiment cumulables avec vos propres offres (ou alors au prix d’un gros effort commercial ou sur une toute petite partie du segment de clientèle concerné)
    Exemple : Un site d’exercices en ligne, un peu gamifié. Le soutien scolaire proposé par le collège ou l’un des professeurs.

 

  • Concurrents directs : là on retrouve les entreprises qui prennent le marché par le même bout que vous. Ce sont là clairement des sources de comparaison directe (ou d’opposition, c’est bien aussi d’avoir des ennemis que l’on n’aime pas et que l’on peut prendre comme « portraits opposés ») dont vous devez vous nourrir pour progresser et aller le plus vite possible dans votre propre projet.
    Exemple : toutes les autres agences de cours particuliers.

Vous l’aurez compris, rechercher sa Minimum Viable Competition, ce n’est pas chercher à tout prix la boite qui fait exactement comme vous et de vous positionner comme copycat… mais bel et bien réussir à avoir une analyse fine de quels sont les besoins, comment ceux qui ont ce besoin réagissent pour le combler, et comment ils font leur choix. Cela vous permettra de montrer, même sans concurrent direct / modèle, qu’il y a bien matière à monter une offre. Et comme il est quasi certain que vous ayez des « concurrents » sur plusieurs des strates mentionnées ci-dessus, vous serez plus exhaustifs et plus concrets qu’un simple listing des concurrents sur le marché actuellement, et bien plus convaincants qu’une matrice concurrentielle sur laquelle vous apparaissez en haut à gauche… (et qui sent le bullshit à plein nez :) )…

 

7

  1. Autant j’aime beaucoup tes articles en règle générale, autant je trouve ton concept de « MVC » bullshit. Oui, ton article décrit bien ce qu’il faut étudier … marché, concurrences, solutions de substitutions. Mais là, tu réinventes rien et je trouve que le terme de « Minimum Viable Competition » n’apporte absolument rien à l’édifice.
    Bref, j’ai pas compris ce que tu as voulu faire ici – même si le contenu de l’article est bon.

    • Je comprends ce que tu veux dire. Je pense que comme pour le produit ou d’autres aspects, les startupers ont tendance à passer beaucoup de temps sur l’étude de concurrence sans se focaliser sur les vrais points intéressants. Ils sont plus à essayer de faire une analyse telle qu’ils pensent qu’on s’y attend (petite matrice, liste de 5-6 concurrents, critères plus ou moins pipeau pour essayer de faire un ranking, ou alors inventaire à la Prévert), mais en aucun cas en se posant la question plus large que les concurrents directs, et quelles billes ça donne pour positionner l’offre face à des utilisateurs potentiels…

      Utilisée sur un projet, je pense que cette approche permet de voir un peu plus large que d’habitude. Et sans réinventer, au moins ça donne une méthodo, je trouve.

      Mais tu as raison, il faut que j’aille plus loin sur le côté ‘minimum viable’ pour que le concept ne soit pas qu’un remarketing d’un truc qui a marché par ailleurs :)

  2. Oui, il y a quelque chose à creuser!
    La « minimum viable competition » serait le niveau acceptable de concurrence qui autorise le projet à continuer à vivre, tout du moins dans les premiers temps.
    L’objectif suivant serait alors de développer des fonctionnalités qui différencient le produit pour ne plus qu’il soit mis en concurrence avec d’autres et qu’il connaisse une forte croissance.

  3. D’accord avec les commentaires précédents. Le fond de l’article est bien, mais tu ne pousses peut être pas assez le concept de minimum viable competition qui sous-entend que pour X (investisseur, entrepreneur, autre ?) si il n’y a AUCUNE concurrence, alors c’est probablement que le besoin n’existe pas…

  4. C’est effectivement intéressant de présenter l’état de la concurrence sur un autre plan que la matrice à laquelle beaucoup de startupers réfléchissent un bout de temps, dont ils/on (je m’inclue dedans) ont d’ailleurs tendance a être fiers mais qui sent en fin de compte un peu le pipeau.

    En revanche, que penses-tu Guilhem d’essayer d’entrer sur un marché dy type réseau social lorsqu’un gros concurrent américain existe déjà même s’il n’a qu’un auditoire relativement limité en Europe ?
    Le fait de mettre ce concurrent dans ta catégorie des « concurrents directs » est évident, le fait de savoir si tu dois quand même te lancer l’est moins je trouve…

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