10 conseils pour réussir son « beta launch » !

Voilà, vous vous lancez dans la vie passionnante d’une startup web, qu’elle soit B2C ou B2B (avec quand même un potentiel de plusieurs centaines de clients, je ne parle pas ici des entreprises faisant, par exemple, un software pour 3 ou 4 grosses boites très spécifiques). A un moment ou à un autre, vous allez très sûrement être confronté au problème du lancement de la « Beta », cette première version un peu privée, réservée à quelques utilisateurs.

La Beta : la phase de "séchage" de votre projet

 

En France, je crois qu’on peut dire que c’est un poil plus difficile qu’ailleurs de lancer une beta, et que c’est encore plus dur de bien le faire :

  • en moyenne, les gens sont peu technophiles, et nous avons un déficit de early-adopters, prêts à prendre le risque de tester quelque chose dès que ça sort
  • ils sont aussi, et c’est en partie une résultante du point précédent, peu éduqués à donner leur avis, ne faisant ainsi pas trop progresser le schmilblick de la startup. Ils s’inscrivent donc bien, mais ne remontent pas vraiment de feedback… (voir mon article « no bullshit feedback » sur ce point)
  • enfin, les startups ne font pas cela très bien non plus, arrivant ainsi, à la longue, à dégoûter un peu les quelques rares élus prêts à jouer le jeu…

Bref, encore un peu de boulot pour que tout se mette bien en place… Ce qui ne veut pas dire qu’il faille se passer des phases de Beta pour lancer son service ou son logiciel ! Et pour cela, voilà quelques petits conseils :

  • Connaissez les étapes « classiques » : ne confondez pas « beta » et lancement du plan marketing. Lancer un service web (mais plus généralement n’importe quel produit / service, ne soyons pas sectaire) passe par quelques phases bien définies… Petit retour rapide dessus, pour être au clair sur le vocabulaire :
    . Pré-alpha : tout ce qui n’est pas montré et qui servira à la création des écrans/features/modèles de données
    . Alpha : première phase de tests, en général sur l’infrastructure et non l’usability, souvent opérée en interne. On sort de cette phase lorsque l’on accepte de ne plus sortir de features supplémentaires.
    . Private Beta / Public Beta :  (ou aussi Closed/Open Beta) l’objectif ici est de tester comment les usagers utilisent le logiciel/service/site, en apportant des retouches pour faciliter la prise en main. La Beta Release, c’est le moment où pour la première fois des personnes extérieures à l’entreprise vont toucher votre bébé. Vous pouvez le faire en mode privé (sur invitation seulement) ou alors en mode public, où là n’importe qui peut se logger. La Beta peut être payante (mieux) ou gratuite, au choix.
    . Release Candidate :  normalement, à ce stade, il n’y a plus de bugs majeurs. Les prochaines versions verront de nouvelles fonctionnalités apparaître progressivement : votre produit est sur le marché pour de bon !

 

  • Ne lancez pas trop tard : acceptez que ce ne soit pas parfait. C’est bien tout l’intérêt d’une Beta : vous permettre de corriger les bugs et défauts d’affichage ou d’ergonomie – et non pas d’inventer de nouvelles features en permanence… C’est donc bien de lancer tôt, avec peu de choses dedans… Et comme je le répète souvent ici, si vous êtes satisfaits de ce que vous lancez, c’est que vous lancez trop tard !

 

  • Expliquez ce que vous faites. On trouve beaucoup trop de pages énigmatiques où l’on doit saisir son mail, sans trop savoir ce qu’il y a derrière. C’est bien dommage, car au moins 50% du succès de votre lancement de Beta se fait dans la pédagogie que vous faites sur votre produit / service… Prenez donc du temps pour expliquer clairement votre métier, le fonctionnement de votre service, et guidez les premiers pas de vos nouveaux utilisateurs !

 

  • Expliquez aussi ce que vous attendez des participants à la Beta. On l’a dit, nous avons en France un déficit de beta-testers en puissance, ces fameux early adopters qui testent tout, donnent du feedback, et permettent le lancement plus rapide des startups. Explicitez donc les règles du jeu à vos utilisateurs, dites-leur ce que vous attendez d’eux, et rendez leur les choses le plus simple possible pour ce faire !

 

  • Récupérez des contacts... Tout l’intérêt d’une beta, c’est que vous ouvrez un canal de communication vers des utilisateurs. D’où l’importance de les connaître, et de récupérer non seulement leur email, mais aussi un peu plus d’infos sur eux, ne serait-ce que pour être sûr que ce sont bien les utilisateurs que vous souhaitiez (ou apprendre pourquoi c’est un autre segment…).

 

  • … et faites les vivre ! Je me suis inscrit à peut-être 200 beta sur les deux dernières années… et pourtant je ne reçois que très, très peu d’infos de la part de ces startups. Pas de mises à jour, pas de remerciements, pas de petites attentions, pas de news, ni même de propositions commerciales… rien ! A se demander quel est l’intérêt ! Prévoyez donc dès le départ une ligne de conduite et des emails à faire partir régulièrement.

 

  • Ecoutez les feedbacks et agissez. Il ne sert à rien de lancer votre Beta, de regarder les compteurs monter, et de ne rien changer. Vous devez tout mettre en place pour déjà écouter (et on a plein de possibilités, du simple mail ou coup de fil, en passant par un google form, des systèmes type GetSatisfaction, des chats live type iAdvize, …). Ensuite, hiérarchisez les choses à réparer le plus urgemment, faites-le, et continuez à communiquer auprès des Beta-users. A noter : pas plus d’une personne sur 5 en général vous donnera du feedback…

 

  • Suivez vos métriques !!!!!! Beta doit rimer obligatoirement avec mesure. Avant même de lancer la beta, construisez-vous un tableau de reporting, et ayez l’oeil rivé dessus au fur et à mesure que la phase de test se déroule. Mettez en lumière les changements dans les chiffres en les liant avec les améliorations apportées sur le produit. Et testez continuellement, dès que le nombre d’utilisateurs le permet (notamment en A/B testing)…

 

  • Augmentez la viralité (ou pas). Une personne qui accepte de tester et de remonter des infos, c’est précieux. C’est encore plus précieux si une fois convaincue, elle en parle autour d’elle : vos beta-users sont vos meilleurs vendeurs (ou c’est que ça coince quelque part…), sachez en profiter !

 

  • Soignez votre sortie : ne restez pas en Beta toute votre vie !
    Un cycle complet de Beta (lancement, suivi, premières améliorations, séchage) prend au minimum 2 à 3 mois, suivant la complexité des modifications à faire. Au-delà de 4-5 mois, il y a un souci dans l’air, et c’est que vous êtes en train de pivoter fortement. Il faut alors se poser la question de reprendre à zéro, changer le nom du produit, se taire un moment, et revenir sur d’autres bases ensuite. Et en terme de timing et de crédibilité du projet (notamment auprès d’investisseurs), ce n’est pas excellent…
    Quelques Beta trèèèèèèès longues qui me viennent en tête : Gmail (6 ans !), MyId.is (5 ans), Qwiki (presque 2 ans, encore en *alpha* !!), Color (plus d’un an, même avec 41 millions de $ sur ses comptes…)…

Et vous, des conseils ? Des astuces ?
Comment s’est passé votre lancement ?
>>> dans les commentaires ! :)

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  1. GameCreds v2 en Beta très bientôt! Je te dirai ca 😀

  2. Je voudrais ajouter une précision sur ce point « Ne lancez pas trop tard : acceptez que ce ne soit pas parfait. ». Bien sûr qu’il ne faut pas attendre que le produit soit parfait. Mais uniquement sur le point des features. Les beta testeurs ne sont à mon sens pas des correcteurs de bugs (de toute manière le 0 bug n’existe pas, parole de dev). Je veux dire par là que TOUT les bug majeurs devraient être corrigés avant la beta, et que le service doit être testé à fond.

  3. Excellent article.
    Effectivement, peu de early-adopters au pays, à l’image du capital risque…
    En pleine Béta sur http://www.carnetsport.com (depuis 1 mois) et http://www.lecrush.com (depuis 6mois).
    #A suivre

    Si la -trop longue- durée de la Béta impacte l’investissement potentiel, la réciproque est vraie.

  4. Bonsoir Guilhem,
    Depuis quelques articles, tu abordes des sujets dont je débats au quotidien avec mon associé et ce, quasiment le jour même. Ce qui nourrit notre réflexion et amène un regard vraiment complémentaire.

    Merci pour cela.

    François

  5. Je rebondis sur le « Ne lancez pas trop tard : acceptez que ce ne soit pas parfait. ». C’est exactement ce que nous avons fait en lançant le site il y a deux mois et en faisant le choix de ne pas inclure toutes les features dés le démarrage, tout en proposant néanmoins d’emblée un squelette entièrement fonctionnel et utilisable par les utilisateurs.

    Et plutôt qu’une version Bêta publique ou privée, nous avons opté pour une landing page annonçant l’ouverture prochaine du site pour commencer (en douceur bien sûr) à se positionner en SEO, avec un bête formulaire de contact sans trop dévoiler le produit.

  6. @Cyril :
    Bonjour, ton site est super intéressant.
    ça pourrait être sympa qu’on discute ensemble à l’occasion, histoire d’échanger des points de vue, … si ça te tente, bien sûr ! :-)

    A Bientôt.
    François

  7. Bravo, excellent billet que je vais recommander en interne et externe :-)

  8. Oui très bon article qui à répondu à certaines questions que je me posais depuis un moment !

    Bravo Guilhem ton blog est vraiment une mine d’or en conseils :)

  9. Bonjour,
    Pourriez vous me dire comment, et surtout a partir de quel site peut on lancer un site bêta
    ( genre marketplace version bêta )
    Quelle est la démarche a suivre je suis débutant dans ce domaine merci de vos conseils
    Pour un premier pas
    Cordialement
    T.

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