« No bullshit » feedback

Si vous avez déjà essayé de lancer un projet en France, nul doute que vous avez déjà expérimenté l’une des réactions suivantes, lorsque vous avez parlé de votre projet :

  • « c’est génial, vas-y, fonce ! ». Cela met du baume au cœur, mais ne fait pas vraiment avancer le schmilblik…
  • « tu es fou, ça ne marchera jamais ! ». Cela met du vague à l’âme, mais ne fait pas vraiment avancer le schmilblik…
  • « ok ». Puis plus rien ensuite, pas de nouvelles bonnes nouvelles mais, ça non plus, ça ne fait pas vraiment avancer le schmilblik…

En fait, en France, on souffre d’un mal plus profond : les gens ne disent pas suffisamment ce qu’ils pensent VRAIMENT des projets qui leur sont soumis. Et je parle là surtout des gens qui sont en prise avec les entrepreneurs : formateurs, accompagnateurs, investisseurs, …

Hors, dans le métier d’entrepreneur, c’est le feedback qui fait avancer. On n’attend pas en effet que l’entrepreneur ait toutes les réponses de manière innée : il teste, itère, change des choses, affine son approche, peaufine son discours, se plante et recommence, jusqu’à ce que – et ce n’est pas un miracle – çà commence à fonctionner !

Du vrai feedback constructif : un moyen simple et gratuit d'avoir rapidement de meilleures startups !

D’où ce besoin viscéral de CRITIQUE CONSTRUCTIVE, donnée objectivement, tel un miroir non déformant, qui va venir pointer du doigt les défauts réels (ou perçus) du projet, et des indications claires, concrètes, opérationnelles de ce qu’il faudrait modifier. Le « c’est un peu trop tôt pour nous, revenez dans quelques mois » n’est pas digne ou respectueuse de l’implication de l’entrepreneur et de sa démarche.

Je suis persuadé que c’est comme cela qu’on aura demain des projets qui décollent et de superbes startups (et les entrepreneurs ont aussi leur part du boulot pour apprendre à écouter) : en disant la vérité, et en prenant le temps de donner une direction pour améliorer.

Et cela est d’autant plus vrai que le feedback intervient tôt dans le processus de création : il est beaucoup plus intéressant de vite se rendre compte qu’on fait fausse route plutôt que d’ouvrir les yeux après 18 ou 24 mois de boulot qui ne paie pas…

Je crois que je vais me commander une petite boite de badges pour montrer que c’est quelque chose à laquelle je m’engage, même si ça demande quelques efforts :) Si quelqu’un se sent de le redesigner, avec plaisir ! (D’ailleurs, j’en offrirai un à Laurent avec qui j’ai eu une excellente conversation entre autres sur ce sujet).

Vous pouvez évidemment me dire dans les commentaires que c’est complètement débile ce que je raconte, je suis prêt à l’entendre 😉

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  1. Etant en cours de gestation/optimisation de mon projet, sur près d’une vingtaine de personnes à qui j’en ai parlé, seuls 4 ou 5 retours m’ont permis d’avancer/faire évoluer mon projet…Donc non ce n’est pas débile ce que tu racontes !

    • Point intéressant qui ressort d’après vous : savoir mieux de qui attendre le retour. En effet, tout le monde ne sait pas le donner (mais si on le fait plus souvent, ça s’apprend), et tout le monde n’est pas non plus en position d’en donner un. Par contre, il est facile de trouver quelques personnes dont l’avis semble, a priori, intéressant, dès que les personnes ont un peu de bouteille par exemple, ou si elles sont des cibles potentielles de clientèle…

      @Claire Guillon : Merci :) !

      @William : oui, mais le problème c’est que ces gens les repèrent, les faiblesses… et puis plus rien, ils les gardent pour eux ! Mon propos c’est bien de dire que les « pros » de la création (je prends un raccourci ici, mais j’inclue dedans tous ceux qui voient passer des startups) devraient se forcer à faire du feedback. D’ailleurs je suis sûr que sur le long terme, ça ferait moins de boulot à tout le monde. Parfois les 5 minutes de plus que ça prendrait sauveraient 2 ou 3 rendez-vous ultérieurs en forçant les gens à retravailler leur copie…

  2. En ce qui concerne le feedback lui même, j’essaie de voir si la personne s’approprie le produit (si l’interlocuteur invente des features, je considère ca comme un succès). Peu importe qu’il te dise non, ok ,pas mal etc, c’est uniquement ce qu’il ajoute qui compte. S’il n’ajoute rien, je considère qu’il s’en fout.

    Sur le fait de donner des réponses constructives, je pense que certains considèrent encore la critique ou la nuance comme un affront et ne vont pas te dire tout ce qu’ils pensent parce qu’ils croient que ce n’est pas acceptable socialement.
    Je pense que cela concerne plus ceux qui ne sont pas en lien avec les start-ups, cependant j’ai du mal à cerner ce qui se passe pour ceux qui fréquentent beaucoup les entrepreneurs (investisseurs etc). C’est en partie leur métier de critiquer et repérer les points faibles d’un dossier non?

  3. Je suis en pleine création de mon entreprise et j’approuve complètement : avoir un feedback constructif est essentiel pour prendre conscience des plus et surtout des moins de son projet.

    J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont bousculée dans ma vision idéaliste, et je les en remercie car cette prise de conscience a permis de transformer l’entrepreneuse aux étoiles plein les yeux que j’étais en futur chef d’entreprise de terrain.

    Je lis vos articles depuis le début de mon aventure entreprenariale (vive le business plan…) et je tenais à vous remercier pour votre ton à la fois concret et décalé.

    Keep up the good work!

  4. Jolie la couleur de ton badge :)

  5. Je l’ai inventée pour l’occasion, personne n’avait osé avant 😉

  6. T’as raison qui voudrait faire de la com avec du vert comme couleur !! 😉 Fais-là breveter !

  7. Clairement 300 % pertinent. Attention à ce que Gandi ne t’attaque pas, « no bullshit » est devenu leur baseline 😉

  8. PS : je prends 6 badges pour les membres de mon board. Le dernier feedback m’a démonté le design de mon site, seule personne à pas le trouver « ouais franchement c’est top ».

  9. Parfaitement ok mais 1 – le créateur est-il en mesure d’entendre les critiques et de bien différencier sa personne et son projet…?

    2 – il est difficile de faire des retours « francs et directs » sans préparer le terrain et trouver la bonne forme (franche, directe mais « entendable ») pour faire passer le message. tout est question de « bon niveau ». et c’est là que l’exercice du retour « franc et direct » est « touchy » et au-delà du simpe constat, se prépare un peu qd mm…

    Et je ne parle pas aussi d’un autre mal français…la légitimité perçue de celui qui fait un retour…tout une histoire « qui es-tu pour » ou alors « lui, il doit tt savoir, il a fait…, il vient de…, il a un beau costume, etc… »

  10. Un vrai feedback, je trouve que ça fait toujours un peu mal parce qu’on s’approprie toujours un peu trop ce que l’on a fait. Mais ça permet également de mettre de la distance entre soi et son entreprise. Globalement, un claque bien placée est vraiment ce qui fait le plus avancer…

  11. Tellement vraie cette nécessité d’un feedback constructif pour faire évoluer un projet !

    Il me semble que l’entrepreneur a de bonnes chances de l’obtenir en travaillant son questionnement. Il peut utilement employer des questions du type « Qu’est-ce qui te plaît/ne te plaît dans ce projet ? Qu’est-ce que tu trouves étonnant (de manière positive ou négative), qu’est-ce que tu modifierais (ce qui n’engage pas à apporter les dites modifications bien évidemment) etc…

    Pour ce qui est de la légitimité de celui qui offre son retour, la diversité des sources d’opinion me semble être une grande richesse à exploiter. C’est bien dommage si les entrepreneurs choisissent de s’en priver.

  12. Je fais exactement la même remarque que Vincent. Il se peut que le porteur de projet ne soit pas en mesure d’entendre la critique aussi constructive soit elle.
    Accompagnant des porteurs de projets, je ne suis pas aussi direct avec chaque porteur de projet. Certains entrepreneurs sont trop surs d’eux ou ont peur que certaines remarques les fassent douter.
    sujet donc délicat à aborder au cas par cas.

  13. Entièrement d’accord !
    Plus de franchise serait la bien venu pour faire avancer les choses, et pas qu’en entreprise d’ailleurs.. mais toujours avec un certain tact

    Avec sincérité 😉
    J-

  14. Un petit retour d’expérience : la clé est dans le comment et le quand.

    Comment donner ce feedback (qui doit être sincère même si douloureux, of course) ? En imposant son analyse ou en amenant petit à petit le porteur à se rendre compte de certaines choses ? En offrant des pistes et suggérant d’aller valider certains points de l’analyse donnée auprès d’autres personnes ou en mettant son expérience en avant comme « légitimité de facto » (relation « haute »). Attention à ne pas désapproprier le porteur…et qu’il devienne dépendant…(toujours la même bonne vieille histoire d’apprendre à pêcher ou de donner du poisson).

    Quand….1 – le temps de la relation entre coach et porteur…donner le temps à l’installation de la confiance, prendre le temps de creuser les choses avant de tirer des conclusions (du coté du coach) ET 2 – le temps de la relation entre le porteur et son propre projet…laisser le temps de la découverte, de l’appropriation, etc. 2 moments clés je trouve.

  15. Je cautionne et j’en veux 1 !
    Confrontation quand tu nous tiens

  16. effectivement c’est un gros problème dans lequel je suis. j’arrive à avoir quelques retours parce que je suis dans le meme milieu que les utilisateurs mais il faut presque les prendre par la main.

    quand j’envoie un long mail avec copies d’écran je n’ai aucun retour.
    il faut les travailler au corps! passer des heures à aller voir l’un ou l’autre avec le portable sous le bras
    mais cela fait parti du jeu!

    c’est rassurant ce que vous dites, comme quoi la difficulté à avoir des retours n’est pas lié au projet mais la mentalité :)

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