Entrepreneurs : faites-vous challenger !

Je ne m’en cache pas, je suis un fervent supporter du concept « parle de ton idée au maximum lorsque tu souhaites te lancer ». Outre le fait que les chances de se faire piquer son idée sont quasi nulles, il existe je pense une règle de base dans la création d’entreprise : l’idée de départ n’est pas bonne, elle le devient peu à peu, justement grâce aux rencontres que l’on peut faire.

Cultiver le secret ?

Certains pourraient penser que de ne rien dire est peut-être la meilleure protection. J’ai même des porteurs de projets qui viennent me voir à l’incubateur, m’assurant avoir une superbe idée mais ne pas pouvoir en parler avant son lancement de peur qu’un concurrent ne les prenne de vitesse. Ce comportement ne mène jamais à des créations qui réussissent. Ou alors c’est qu’ils gardent même le secret sur leur réussite ?

Côté légal, ce n’est guère mieux. Pour beaucoup d’entrepreneurs, le brevet n’est même pas une option. Et pour ceux qui peuvent le faire, c’est beaucoup d’énergie pour un résultat plus que contestable : un brevet est contournable et il faut de toute manière s’engager dans une bataille juridique de longue haleine. Et donc délaisser son business pendant ce temps-là. Bravo bravo !

Un état d’esprit ouvert…

Alors s’il ne faut pas ouvrir non plus la porte de tous ses secrets – certaines choses peuvent rester cachées tout de même – il est pour moi primordial de chercher à parler le plus possible de son projet, à des publics variés et qui vont vous renvoyer des choses objectives. J’aime beaucoup l’idée de « miroir non déformant ». Lorsque l’on se lance, son réseau proche a en général tendance à adopter l’attitude « tape dans le dos + vas-y, c’est génial, c’est une super idée ». Son réseau un peu moins proche adopte en général plus l’attitude inverse : « ça ne marchera jamais + ça existe déjà + je te l’avais bien dit (a posteriori) ».

La meilleure manière de procéder, outre d’entendre ce chaud et froid et de le prendre avec des pincettes (pour l’oublier assez vite), est d’alors chercher des personnes qui vous renverront une image la plus objective, qui vous poseront les bonnes questions, qui mettront le doigt où ça fait mal pour vous aider et non pour passer sur quelqu’un leur frustration de ne pas créer eux-mêmes.

Il vous faut donc bien être conscient que ce ne sera pas un exercice facile, vous travaillez en effet assez dur pour ne pas en plus avoir des gens pour vous critiquer ! A vous d’être suffisamment ouverts pour tirer le plus possible de cet exercice !

Comment procéder ?

Vous l’avez compris, j’érige ce comportement de recherche de miroir non déformant en pratique « industrielle », à faire de manière systématique pour tous les aspects de l’entreprise ou du marché, et de manière régulière, par itérations. Alors c’est bien beau, mais comment faire pour ces séances de ?

    Il existe bien entendu plusieurs petites astuces que je vais m’empresser de vous délivrer :
  • Donnez-vous environ 1h, dans un endroit calme mais hors du cadre habituel de votre travail.
  • Préparez bien votre présentation, pour donner une vision claire, concise et complète de votre projet, vos questionnements, vos doutes, votre vision, ce que vous avez déjà accompli. Essayer de trouver 2 ou 3 questions qui vous permettraient d’avancer.
  • Présentez-vous et votre projet en une vingtaine de minutes,
  • Laissez ensuite votre interlocuteur vous poser toutes les questions qu’il veut. Ne soyez pas sur la défensive, si vous ne savez pas ou s’il s’agit d’un point problématique, dites-le et essayer d’avoir du feedback dessus.
  • Essayez d’amener votre challenger à vous titiller au maximum et à s’engager : que ferait-il ? Quels conseils peut-il vous donner ? A-t-il déjà vu une situation similaire dans son expérience ?
  • Conservez 5 minutes pour écrire avec votre « miroir » les grands points qui sont ressortis de l’entretien
  • Demandez qui vous pourriez rencontrer pour procéder à une nouvelle séance de « challenge »
  • Reproduisez l’opération de manière répétée, fréquemment en début de parcours entrepreneurial, puis une à deux fois par mois ensuite.

Qui choisir comme « miroir non déformant » ?

Il en vous manque plus qu’un challenger pour commencer. Evidemment, il existe une grande diversité de personnes qui peuvent faire ça, même autour de vous. Le but est de prendre quelqu’un qui ne vous connaît pas trop et qui surtout ne connaît pas votre projet, ou qu’en surface. Pêle-mêle, vous pouvez rencontrer :

  • des gens rencontrés lors de stages ou emplois précédents
  • des responsables d’incubateurs
  • des personnes qui participent au jury de concours de création
  • des conseillers CCI
  • des seniors de votre réseau
  • d’autres entrepreneurs

Alors, convaincus ?

[photo: LollyKnit]

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  1. Oui, parfaitement d’accord, sur le fait qu’il faut parler autour de soi de son idée, que souvent la première idée n’est pas la bonne, et de ne pas avoir peur de se faire challenger.

    Pour moi, mon premier challenger c’est toujours ma fiancée, qui est très intelligente et a un très bon sens business. Et, crois-moi, elle n’a jamais peur de me challenger. 😉

  2. Je pense effectivement que parler de son idée est une très bonne chose, afin de la faire évoluer rapidement et de passer le plus tôt possible à la phase de réalisation.

    L’idée ne vaut finalement pas grand chose, c’est la réalisation qui importe. Parler de son projet permet de récupérer un maximum d’informations pour faire évoluer son idée et construire un premier prototype adapté au marché.

    J’ai publié un billet sur le sujet sur le site http://www.enviedentreprendre.com/

  3. Totalement en phase avec ce principe de base de la création d’entreprise. La seule idée qui vaille est celle que vous mettez en application, le reste n’est que rêves récurrent destinés à vous éviter le passage à l’action. Il existe de nombreux groupes où il est possible de faire challenger son projet: les clubs de business angels (ils signent généralement des clauses de confidentialité mais je ne suis pas sûr que cela protège réellement l’idée), les sites de mise en relation d’investisseurs et de porteurs de projets, les Venture Capital lorsque l’entreprise est créée et le projet déjà un succès. Le dernier dont j’ai entendu parler via un ami jeune entrepreneur est un club nommé Seercle. Il est possible de présenter son projet ou son idée aux autres personnes dans des lieux à Paris. Il faut être Membre pour en faire partie. Pour revenir à la protection de l’idée, le mieux et le moins cher est peut être le dépôt d’une enveloppe Soleau à l’INPI pour 15 Euros.

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